Rentrer au bled en train et redonner une voix aux compositrices

Dans Tout Public du jeudi 29 mai 2025, Nassira El Moaddem propose de retourner au bled en train dans son nouveau livre et Aliette de Laleu présente le festival Les Inoubliables, qui (re)donne une place aux compositrices d’hier et d’aujourd’hui.

Article rédigé par Matteu Maestracci
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La journaliste Nassira El Moaddem, le 29 mai dans Tout Public sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
La journaliste Nassira El Moaddem, le 29 mai dans Tout Public sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Et si on rentrait au bled en train ?". C’est la question que la journaliste Nassira El Moaddem s’est posée à la sortie du Covid-19, une fois les frontières réouvertes et les prix des billets d’avion envolés. Cette question est également le titre de son nouveau livre, à mi-chemin entre récit de voyage, journal intime et guide touristique.

Si les épopées de retour au pays en voiture ont laissé des souvenirs impérissables à plusieurs générations, en témoigne la dernière exposition de Mohamed El-Khatib, le voyage en train autorise pour la journaliste "la lenteur du voyage", "les pauses", "les arrêts", en somme de "prendre le temps".

“Ce voyage en train, c'est aussi une manière de retrouver cette histoire-là, de la transmettre à mes enfants qui, eux, ne la connaissent pas.”

Nassira El Moaddem

à franceinfo

Notion absente des épopées de jeunesses racontées par nombre d’immigrés maghrébins, par manque de temps et d'argent de leurs parents, ce nouveau confort permet "la possibilité de s'arrêter dans les villes et de visiter". Quelle rue prendre à Cordoue ? Quel stade visiter sur le trajet ? Des effluves d’olives "odeur de l'enfance mais aussi odeur actuelle", au goût des œufs au cumin "plat de toutes les familles maghrébines", le livre de Nassira El Moaddem allie nouvelle manière de voyager et continuité avec les trajets d’antan.

Malgré une envie de "toucher, ces gens-là par une histoire commune", la journaliste d’Arrêt sur images, présente un ouvrage "pas seulement à destination des enfants de l'immigration marocaine mais, vraiment pour tous ceux qui veulent aller au Maroc, qui veulent découvrir ce pays à travers le regard d'une enfant de l'immigration marocaine. Dans un moment où, il faut le dire, la France a des débats extrêmement haîneux et violents à l'égard des immigrés."

Et si on rentrait au bled en train ? (aux éditions Voyages - Gallimard), de Nassira El Moaddem, disponible en librairie. 

Les Inoubliables, le festival de musique classique 100% féminin. 

"Aujourd'hui des orchestres de maison d'opéra ou des grandes institutions en France continuent d'oublier, d'écarter complètement les compositrices." Pour répondre à ce manquement, de nombreux festivals proposent de mettre en avant des artistes, musiciennes et compositrices exclusivement féminines. Parmi eux, Les Inoubliables ou, si l’on préfère, le Festival des femmes (pas) oubliées, au cours duquel interviendra Aliette de Laleu, chroniqueuse et productrice à France Musique.

Si le chemin vers le jour où "il sera naturel de programmer des compositrices un peu partout et que l’on puisse les écouter plus facilement" paraît sinueux, les causes de cet oubli sont, selon la journaliste, connues et structurelles. "On s’est, à un moment donné, renfermé sur quelques grands noms. On a décidé quelles étaient les œuvres valables, sans aller chercher des œuvres de compositrices, avec une forme de misogynie complètement intégrée dans la société. On a imaginé que les femmes ne pouvaient pas être créatrices au même titre que les hommes."

“J'analyse ce monde de la musique classique, comme un milieu en crise, fragilisé. Les milieux fragilisés ont tendance à se reposer sur le passé, sur ce qui a toujours fonctionné et à aller un peu vers la facilité.”

Aliette de Laleu

à franceinfo

À l’heure où seulement 8% des programmations de musique classique sont des œuvres de compositrices, il faut, selon Aliette de Laleu, "absolument continuer ce genre de discussion, de débat, de pouvoir les montrer dans des festivals, dans des lieux où elles existent".

Pour cela, une seule solution : "aller vers ces nouveaux récits, ces nouveaux personnages, ces nouvelles œuvres, et repenser l'histoire de la musique classique et la place des femmes dans cette histoire-là."

Festival les Inoubliables, du 29 mai au 1er juin, à Paris et Courbevoie.

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