Un documentaire sur le droit à l'avortement et un livre sur l'électorat RN dans les territoires français

Le projet du documentaire Il suffit d’écouter les femmes est né de deux constats, explique Agnès Chauveau, directrice générale déléguée de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) dans Tout Public. D’une part, le constat d’une remise en cause du droit à l’avortement à travers le monde, et d’autre part celui d’une histoire racontée uniquement "d’un point de vue militant et institutionnel". À partir de là, l’INA va chercher à connaître l’histoire de l'avortement clandestin "à hauteur de femmes et d'hommes qui, dans leur chair, [l']avaient vécu".

"La génération qui arrive, les 20-30 ans, avait envie d'entendre cette histoire."

Agnès Chauveau

à franceinfo

Un appel à témoignage a ainsi été lancé, et c’est comme ça que l’INA a reçu "en tout, 400 appels", de la part de "plusieurs générations" et des deux sexes, explique Agnès Chauveau. Certains provenaient de femmes directement concernées et qui n’avaient parfois jamais eu l’opportunité de raconter leur avortement auparavant, "et qui étaient fières qu’on leur dise ‘ça nous intéresse’", se rappelle-t-elle. D’autres appels venaient de générations plus jeunes, avec "beaucoup de petites filles qui appelaient pour leurs grand-mères". Enfin, des hommes souhaitaient également apporter leur témoignage. "On voit que ça concerne tout le monde, soutient Agnès Chauveau, et qu’au fond, c’est l’ensemble de ces récits individuels (…) qui forment notre histoire collective."

Il suffit d’écouter les femmes, documentaire réalisé par Sonia Gonzalez et raconté par l'actrice Ana Girardot, disponible gratuitement en replay sur la plateforme france.tv. Un livre édité par les éditions Flammarion et mis en récit par Léa Veinstein rassemblant les témoignages les plus marquants est attendu en librairie le 22 janvier 2025. Un podcast INA Il suffit d’écouter les femmes en cinq épisodes est à retrouver sur toutes les plateformes de podcasts.

Sur les terres du Rassemblement national

Le photographe et documentariste Vincent Jarousseau a eu l’occasion d’arpenter ces dernières années les territoires électoraux du Rassemblement national, qu’il a documentés sous diverses formes, y compris à travers le documentaire ou la bande dessinée (Les Racines de la colères, Prix franceinfo 2020 de la bande dessinée d’actualité). Cette fois, il revient avec un livre, Dans les armes et les urnes, où ce dernier explique avoir voulu dresser "un bilan du travail engagé dès 2014 sur les terres où l’on vote pour le Rassemblement national". Une idée qui est venue à l’esprit de Vincent Jarousseau "au lendemain de la dissolution", "moment charnière" selon lui, "où on avait le sentiment que pour la première fois, le Rassemblement national était en capacité d'accéder au pouvoir".

"La phrase qui revient toujours, c'est : eux, on ne les a pas essayé."

Vincent Jarousseau

à franceinfo

Un récit qui revient "sur un certain nombre d’entretiens et de descriptions" avec des électeurs du RN, que le documentariste précise avoir rencontrés, "pas furtivement, mais avec qui j’ai un peu vécu, dont j’ai raconté les conditions de travail, les conditions de vie". Des conditions qui ont subi de plein fouet l’"effet d’accumulation et d’accélération de l’histoire", dans des territoires qui subissaient déjà "une situation de fragilité ancienne".

Pour Vincent Jarousseau, "Marine Le Pen vient quelque part panser des blessures narcissiques", notamment dans le cas des métiers de première et de seconde lignes, "qui restent extrêmement mal reconnus", explique-t-il. Malgré la désillusion vis-à-vis des partis traditionnels, ce dernier n’estime pas pour autant que la cause soit perdue. "La question pour l'ensemble de la classe politique, c'est de comprendre les fragmentations qui existent dans notre société (…) et de recréer du lien", affirme-t-il.

Dans les armes et les urnes (Les Arènes), disponible dès maintenant en librairie.

Une émission avec la participation de Célyne Bayt-Darcourt, présentatrice d'"Info médias" sur franceinfo.