Une dénonciation du régime iranien et le trafic d'œuvres d’art expliqué dans un livre.

Dans Tout Public du mercredi 21 mai 2025, Boualem Sansal, lauréat du prix Cino del Duca ; le film du réalisateur iranien "Un simple accident" en compétition du festival de Cannes et un livre au cœur de la lutte contre le trafic d'œuvres d'art.

Article rédigé par Frédéric Carbonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
"Trafic d'œuvres d'art, Une enquête au cœur de l'OCBC" et "Un simple accident" de Jafar Panahi (© La Martinière ; © Jafar Panahi Productions Les Films Pelléas)
"Trafic d'œuvres d'art, Une enquête au cœur de l'OCBC" et "Un simple accident" de Jafar Panahi (© La Martinière ; © Jafar Panahi Productions Les Films Pelléas)

Après Kundera, Maryse Condé ou encore Kamel Daoud, c’est l’écrivain Boualem Sansal qui a reçu ce mercredi matin le prix de littérature Cino del Duca. Incarcéré depuis six mois en Algérie et en attente de l’appel de sa condamnation, l’écrivain a, selon Daniel Rondeau, académicien et membre du jury, été choisi "à la quasi-unanimité, pour deux raisons". Outre le fait que Boualem Sansal soit "un grand écrivain, entré dans notre paysage à la fin des années 90, avec un roman important qui s'appelait Le Serment des barbares", la remise de ce prix est aussi perçue par Daniel Rondeau comme "un coup de chapeau concret" visant à "l'aider à revenir et à se réinstaller au pays des hommes libres".

Un simple accident, un film de Jafar Panahi

Jafar Panahi a monté les marches du festival de Cannes pour son nouveau film "Un simple accident". Ce long-métrage est le long trajet en van d’un tortionnaire et de trois de ses victimes ayant réussi à le kidnapper. Inspiré de ses sept années d’emprisonnement et des récits de tortures de ses codétenus, le film interroge sur l'avenir du tortionnaire, la vengeance. Pour Jafar Panahi, la réponse est pourtant simple. Si, d’un côté le "désir de vengeance est humain et naturel, c'est du court terme", et de l’autre, "il y a ceux qui mettent un peu les choses en perspective et qui se demandent vers quoi on peut se diriger. Une fois cette soif assouvie, qu'est-ce qu'on souhaite pour notre pays ?"

Festival de Cannes 2025 : Jafar Panahi dédie la projection de son film "Un simple accident" à "tous les artistes iraniens qui ont dû quitter l'Iran"

Quid des représailles après cet énième film contestataire ? Le réalisateur affirme qu’il s’agit "du cadet de ses soucis". "La question que je me pose, c'est comment ce film va être vu par les personnes dont je me suis inspiré, mes codétenus. Les Iraniens, ça, ça m'importe. Est-ce que je suis à la hauteur de ces personnes-là ? Est-ce que je ne vais pas les décevoir ?"

“Ils n'attendent que ça, d'avoir des réactions violentes pour justifier leur propre répression. Essayer d'inculquer à ceux qui subissent ces violences et ces humiliations qu’une autre réaction est possible, ça demande du temps, ça demande du courage, mais nous ne désespérons pas.”

Jafar Panahi

Pour Alexandre Mallet-Guy, distributeur du film en France, Un simple accident est "le fruit de la répression islamique". "La République Islamique ne se rend pas compte qu’en l’enfermant et en le mettant en prison, cela a nourri son imaginaire. C'est là-bas qu’il va échanger avec des prisonniers et avoir des idées de films comme celui qu’il présente aujourd'hui."

Un simple accident, de Jafar Panahi, en salle dès le 10 septembre 2025.

Le trafic d'œuvre d’art expliqué dans un livre

Galeristes, collectionneurs, mais aussi armés de détecteurs de métaux sur une plage, les profils de trafiquants de biens culturels sont divers et ce marché prend de plus en plus d'essor.

Une centaine d'arrestations et 19 000 objets retrouvés lors d'une opération internationale contre le trafic d'œuvres d'art.

C’est ce que nous apprend Trafic d’œuvres d’art écrit par Luc Larriba, aidé dans son travail par le Colonel Percie du Sert, chef de l’Office Central de lutte contre le trafic des Biens Culturels (OCBC), dont l’objectif et de "protéger le patrimoine".

Ce trafic d'art attire de plus en plus et ce pour plusieurs raisons. Sa capacité à diversifier les activités criminelles, à blanchir de l’argent en grande quantité ou encore à rapporter de considérables sommes permet à "de petites opérations de prendre une envergure énorme".

Pour lutter contre le trafic, la solution peut être, selon le Colonel, "nationale sur l'organisation et sur la capacité des ministères et des représentants étatiques à s'organiser. Mais elle est aussi forcément internationale parce qu'on a des coopérations et des équipes communes d'enquête qui sont montées."

Et outre les informations, anecdotes et analyses fournies par le livre, alertent aussi sur l’enjeu diplomatique des biens culturels restitués.

Trafic d'œuvres d'art, Une enquête au cœur de l'OCBC (aux éditions de La Martinière), de Luc Larriba et Laure Fissore.

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