A cause de la guerre en Ukraine, le déclin démographique des minorités ethniques s’accentue en Russie
Un rapport dévoile l’impact significatif de la guerre en Ukraine sur la démographie des populations autochtones dans le pays.
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La Russie compte 170 groupes ethniques, dont 47 sont considérés comme des minorités autochtones. Autrement dit des populations d’une taille inférieure à 50 000 personnes, et parfois beaucoup moins, quelques centaines seulement. Les derniers chiffres de recensement dévoilent qu’en dix ans, les 2/3 de ces minorités ont vu leur population baisser parfois de façon très importante. Ce sont des populations de l’Arctique, tout au Nord, comme les Nenets, ou de Sibérie, à l’Est, comme les Evenks de Yakoutie. Le phénomène s’accélère donc depuis un an, avec la mobilisation décrétée par Vladimir Poutine.
De nombreux témoignages le confirment : les réquisitions sont beaucoup plus nombreuses au sein des groupes ethniques minoritaires. Par exemple, dans un village près de Vladivostok, dans l’extrême orient russe, un homme sur trois a été mobilisé. Très vite, au début de la guerrre, le constat avait été établi d’une surreprésentation sur le front de Tatars, de Kazakhs, de Daghestanais. Mais ce sont là des populations de taille significatives, qui ne sont pas classées dans les minorités.
Des hommes plus fréquemment mobilisés dans les ethnies minoritaires
Désormais, les réquisitions touchent y compris les tout petits groupes ethniques et ça peut menacer jusqu’à l’existence même de ces ethnies. Jusqu’à présent, ces minorités disposaient d’un statut particulier qui autorisait les hommes à choisir un service civil plutôt que militaire. C’est terminé. Avec la mobilisation, c’est l’armée pour tout le monde. Ou plutôt, c’est l’armée encore plus que pour tout le monde. Un universitaire britannique d’origine russe, Alexeï Bessudnov, a fait les comptes et il prend un exemple : un Bouriate (c’est une population mongole) ou un Touvine (des Turcs de Sibérie) courent 100 fois plus de risques de mourir en Ukraine qu’un Russe de Moscou ou de St Petersbourg.
Dans certaines ethnies composées uniquement de quelques dizaines ou centaines d’individus, comme les Kereks dans l’Extrême Nord, le départ des hommes au front peut signifier la disparition pure et simple. Il n’y a plus de moyens humains suffisants pour la chasse, la pêche, l’agriculture. Et si les hommes meurent, plus de géniteurs. Pour ne rien arranger, les aides économiques de l’Etat russe sont en chute libre pour ces populations : il n’y a pas d’argent. Donc pour résumer, la guerre en Ukraine est en train d’accélérer la disparition progressive de plusieurs minorités autochtones.
Une population globale en déclin régulier
Rappelons que les Russes, première ethnie, représentent 80% des 142 ou 143 millions d’habitants du pays. On ne sait pas très bien, en fait, combien la Russie compte d’habitants aujourd’hui. La seule certitude, c’est que la population russe décroit régulièrement depuis 30 ans et l’éclatement de l’Union Soviétique. La seule année depuis 30 ans où la population russe a augmenté significativement, du moins selon les chiffres officiels de Moscou, c’est en 2014, avec l’annexion illégale de la Crimée, deux millions et demi d’habitants en plus. Sinon, tous les ans, ce nombre diminue, avec plusieurs centaines de milliers d’habitants en moins chaque année. En raison du taux de natalité très bas, moins de 1,5. Et l’an dernier, entre les morts au front, la suite de la pandémie de Covid, la fuite de nombreux russes à l’étranger et le nombre de naissances toujours au plus bas, on peut estimer que la Russie a perdu au moins un million d’habitants, sans doute davantage.
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