À Hong Kong, le patron de presse indépendant Jimmy Lai condamné à 13 mois de prison
La répression s’accentue encore contre les militants pro-démocratie dans l'ancien territoire britannique désormais contrôlé par la Chine. Avec la condamnation à de la prison ferme de 8 d’entre eux dont ce dirigeant de presse emblématique.
Les faits remontent à un an et demi. Le 4 juin 2020, comme chaque année, les militants de Hong Kong commémorent les massacres de Tien an Men, qui avaient vu la mort de centaines de personnes, peut-être davantage en 1989 à Pékin. Trois jours avant, le rassemblement est interdit, pour cause de pandémie. Jimmy Lai se rend quand même devant la fontaine du parc Victoria où la manifestation est prévue. Il allume une bougie, se laisse prendre en photo, repart aussitôt. Dans le calme.
Pour ce seul geste, le voilà aujourd’hui condamné à 13 mois de prison ferme. La justice, désormais contrôlée par le pouvoir chinois, considère qu’il s’agissait d’une "incitation à participer à un rassemblement illégal, un acte de défiance contre la police". Le patron de presse, aujourd’hui âgé de 74 ans, arrivé au tribunal menotté comme un détenu de droit commun a plaidé non coupable. Et il fait lire par son avocat un texte manuscrit, où il écrit "Laissez-moi endurer ma peine, afin que je partage le fardeau et la gloire de ces jeunes hommes et femmes qui ont versé leur sang le 4 juin 1989".
Lai, dont le journal Apple Daily a été fermé il y a quelques mois, vient allonger la liste des opposants envoyés en prison : les condamnations sont systématiques. Et l’argument de la situation sanitaire sert d’alibi permanent pour justifier la répression, alors même que la pandémie est contrôlée dans la grande mégapole de 7 millions et demi d’habitants.
Le tabou de Tien An Men
C’est aussi l’illustration de l’extrême sensibilité du pouvoir chinois sur tout ce qui touche aux événements de 1989 : c’est le sujet tabou par excellence. Hong Kong était le dernier endroit où les événements de 1989 pouvaient encore être commémorés. Désormais, même là c’est interdit, y compris pour juin prochain, c’est déjà officiel : rassemblement non autorisé. Dans tout le reste de la Chine, c’est simple : le drame de Tien An Men n’existe pas. Officiellement, il n’y a eu ni manifestations pro démocratie pendant deux mois, ni répression. Rien. Tout a été rayé des manuels d’Histoire. Un jeune Chinois de moins de 30 ans ne peut avoir aucune connaissance de ces événements.
D’ailleurs aujourd’hui la presse officielle chinoise n’évoque la condamnation de Jimmy Lai que brièvement et en la justifiant par la simple formule "participation à une manifestation non autorisée". Aucune mention de Tien An Men. Parallèlement, à Hong Kong, les manuels d’Histoire sont à leur tour en train d’être remaniés et les archives de la radiotélévision en train d’être expurgés. C’est l’effacement organisé de l’Histoire. La chape de plomb s’accentue jour après jour.
La tentation de l'exode
Ca veut dire qu’il n’y a pas vraiment de solution pour les militants prodémocratie à Hong Kong. Option 1 : la prison. Et les condamnations vont continuer. Jimmy Lai par exemple risque la prison à perpétuité dans une autre procédure. Option 2 : se taire et se cacher. Ne plus exprimer la moindre opinion. Option 3 : fuir. C’est la solution adoptée par certains leaders de la contestation, comme Nathan Law, parti au Royaume-Uni.
En 18 mois, plus de 100 000 personnes ont déjà quitté la ville. Beaucoup de professionnels qualifiés, des avocats, des enseignants, des médecins. Et selon une enquête de l’université de Hong Kong, plus de 40% des habitants envisagent sérieusement l’exode.
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