Royaume-Uni : une grève de médecins d'une longueur inédite dénonce l'hémorragie qui touche les hôpitaux
Au Royaume-Uni, la grève des jeunes médecins atteint une durée inédite. Ils sont encore très loin d’obtenir une augmentation de leur salaire, mais si leurs collègues ambulanciers et infirmiers ont repris le travail en 2023, eux ne lâchent pas le piquet de grève.
À compter de mercredi 3 janvier et pour les six jours à venir, les hôpitaux anglais ne pourront pas compter sur leurs internes. C’est inédit, jamais les jeunes médecins britanniques ne s’étaient mis d’accord pour arrêter le travail aussi longtemps. Six jours consécutifs, après des débrayages réguliers d’un ou deux jours en 2023, cette fois-ci le mouvement se durcit.
C'est le résultat des négociations stériles de l’automne dernier avec le gouvernement. Ces "junior doctors" s’estiment sous-payés et surchargés de travail. Alors que certains leur reprochent de déclencher cette nouvelle période de grève au cœur de l’hiver, au moment où les patients ont le plus besoin d’eux, un jeune chirurgien répond : "Que ce soit l’hiver ou le reste de l’année, la pression est la même dans les hôpitaux. Il y a toujours une saturation de patients dans n’importe quel hôpital du pays. Dans les couloirs des services d’urgence, des personnes attendent en fauteuil roulant, tout simplement parce qu’il n’y a pas assez de personnel pour s’occuper d’eux."
"Les gens partent parce qu'ils sont mieux payés ailleurs"
Le NHS (National Health Service), le système de santé publique, auquel les Britanniques tiennent beaucoup, ne parvient pas à redresser la tête. Le Royaume-Uni est en queue de classement de l’OCDE pour les pays d’Europe de l’Ouest, avec à peine plus de trois médecins en activité pour 1 000 habitants. La profession peine à recruter, le tarif du NHS pour les 70 000 internes que comptent le pays est de 16 euros de l'heure. Ces jeunes médecins grévistes réclament une augmentation globale de 35%, avec un réajustement constant et progressif sur plusieurs années.
Interrogé sur le piquet de grève par une radio locale de Londres, un chirurgien de première année prévient que le gouvernement ne doit pas s’étonner du manque de main d’œuvre : si on ne trouve pas de jeunes médecins sur le marché du travail, c’est parce que les salaires sont trop bas. "Les conditions sont mauvaises parce que les gens partent, et les gens partent parce qu’ils sont mieux payés ailleurs, fustige-t-il. Quand l’Australie leur propose deux fois leur salaire, on ne peut pas les blâmer. Tout ce que l’on demande, c’est que les médecins dans leur première année soient payés 23 euros de l’heure. Je ne crois pas que vos auditeurs reprocheraient à un médecin d’être payé 23 euros de l’heure."
Des prêts lourds à rembourser
D’autant que la plupart de ces jeunes médecins sont déjà très endettés lorsqu’ils commencent à travailler. C'est l'un de leurs arguments pour obtenir une augmentation de salaire. Presque tous ont un prêt étudiant à rembourser, en moyenne 70 000 euros. Le BMA (British Medical Association), principal syndicat de médecins britanniques, estime qu’avec l’inflation les jeunes docteurs ont perdu 26% de rémunération depuis 2008.
Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi les jeunes internes se tournent vers l’Australie. Meilleur salaire, meilleur environnement de travail, une amplitude horaire mieux contrôlée aussi… Ils sont de plus en plus nombreux à partir. On ne parle pas encore d’exil massif, mais d’une tendance assez lourde.
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