En Éthiopie, la gestion des eaux du Nil au cœur d’un enjeu stratégique pour l’Afrique de l'Est
L’Éthiopie a annoncé lundi 11 septembre la fin du remplissage de son méga-barrage, qui devient le plus puissant d'Afrique et même l'un des plus importants au monde. Ce grand barrage de la Renaissance suscite de vives inquiétudes dans les pays situés en aval, au Soudan mais surtout en Égypte.
L'achèvement du remplissage de la mégastructure est une révolution pour l'Éthiopie, car le grand barrage de la Renaissance devient ainsi le plus grand barrage et l'une des plus grandes réserves d’eau douce en Afrique. Capable de générer près de 5 000 mégawatts de production électrique à pleine puissance, ce barrage alimente déjà toute la population de la capitale éthiopienne Addis Abeba. Avec près de deux kilomètres de long, 145 mètres de hauteur, un coût de construction de près de quatre milliards d’euros, ce projet pharaonique est situé sur le Nil Bleu, en Éthiopie. Mais en aval, l’Égypte est très inquiète, car 97% - pour ne pas dire l’intégralité - de sa population, dépend des eaux du Nil.
>> Crise mondiale de l’eau : quelles solutions et que faire à son échelle ?
Les Égyptiens sont furieux depuis l’annonce, en 2011, de la construction du méga-barrage côté éthiopien. Ils fustigent le projet considéré encore hier comme une initiative "unilatérale", "illégale" et donc très inégalitaire. Mais la situation autour de la captation et de l’utilisation des eaux du Nil était déjà très inégalitaire auparavant et très nettement à l’avantage de l’Égypte. Un traité post-colonial, signé en 1959, donnait en effet aux Égyptiens le contrôle et l’usufruit de 85% des eaux de l'un des plus longs fleuves du monde.
Avec ce barrage les Éthiopiens corrigent en quelque sorte une injustice. Ils le font au nom de tous les pays situés en amont du Nil Bleu. Le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, affirme que tous ses voisins bénéficieront de la production électrique du méga-barrage, mais c’est vrai qu’on peut s’interroger sur la légalité de cette construction. L'Éthiopie s'est appuyée sur un accord signé en 2010 avec ses alliés, au mépris du traité de 1959, et l’Égypte s'est réservé le droit de prendre des mesures, y compris militaires, si le grand barrage de la Renaissance nuisait à son approvisionnement en eau.
"La diplomatie de l'eau"
Les spécialistes mondiaux de l’eau encouragent désormais la diplomatie de l’eau. Ainsi, Mark Zeitoun, directeur du Geneva Water Hub, a déclaré lors d’une conférence donnée en février au Collège de France : "Les rivières traversent les frontières, comme les nuages traversent les frontières. Donc les États sont obligés de coopérer, même si ça ne leur plaît pas. Et l’idée de souveraineté territoriale sur les ressources qui franchissent les frontières est absurde : on ne peut pas contrôler l’eau à ce point."
C’est pourtant ce que font les Égyptiens et, depuis hier, les Éthiopiens avec les eaux du Nil. Les deux pays devront passer par des séances "d’hydro-diplomatie" : partager, compenser, échanger pour éviter des conflits autour des réserves en eau. De nouvelles négociations sont en cours entre Égyptiens et Éthiopiens depuis dimanche, avec, pour l’instant, très peu de solutions sur la table.
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