Mercosur : où en est l'accord commercial entre l'Europe et l'Amérique du Sud, qui fait redouter une concurrence déloyale ?
L’une des raisons de la colère manifestée par les agriculteurs est le projet d’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur. Alors qu'il est négocié depuis 1999, de plus en plus de voix remettent en question cet accord de libre échange.
Tous les dirigeants, au Sud comme au Nord, considèrent qu’il est essentiel de signer un accord entre l'Union européenne et le Mercosur, le marché commun de plusieurs pays d'Amérique du Sud. Cet accord de libre-échange vise à l'origine à favoriser les exportations européennes, d’automobiles mais également de textiles et d'aliments transformés (fromages, lait en poudre…), et les importations sud-américaines, notamment de viande (bœuf, poulets…) et d'éthanol. Mais c'est une mission complexe, même si en juin 2019, l'UE et le Mercosur étaient parvenus à s’entendre. La passivité du gouvernement brésilien face aux milliers d’incendies qui ont ravagé l’Amazonie, l'été suivant, a compromis la signature et provoqué un clash entre Emmanuel Macron et l’ancien président Jaïr Bolsonaro.
Le contexte politique est un terrain mouvant. Si le remplacement au Brésil de Bolsonaro par Lula a relancé les négociations en décembre 2023, l’élection de Javier Milei en Argentine a rebattu les cartes. L’anarcho-libertarien a dans un premier temps menacé d’utiliser sa tronçonneuse pour rompre ses liens avec le Mercosur. Puis il s'est ravisé pour finalement militer aujourd’hui pour une obtention rapide de l’accord. Pendant ce temps-là, l’Union européenne recule et se perd à nouveau dans sa quête d’unanimité. Elle souhaite pourtant signer l’accord avant les élections de juin et le début d’une nouvelle mandature.
Des désaccords sur le fond
Il s'agit d'un accord gigantesque dans un contexte politique incertain. Il y a des désaccords sur le fond bien sûr : impossible pour le Mercosur de s’aligner sur les normes européennes trop exigeantes, impossible non plus d’ouvrir les marchés publics sud-américains aux entreprises du Nord. Bien plus modernes et bien mieux préparées, celles-ci écraseraient l’intégralité du marché, sans laisser la moindre chance au Sud de se développer.
Ces désaccords ont été évoqués par Lula en décembre, lorsqu'il a cédé la présidence du Mercosur au président paraguayen : "J’ai demandé à Macron d’arrêter d’être aussi protectionniste. C'était la même chose avec Chirac, Sarkozy, Hollande, tous deviennent protectionnistes quand on discute de leurs produits agricoles, remarque Lula. Les résistances de l’Europe sont encore très fortes. Je regrette leur manque de flexibilité. Qu’ils ne comprennent pas que nous devons encore nous développer, nous industrialiser." Et, s'adressant à son successeur : "Maintenant que tu prends le relais, ne lâche rien !"
L’écart entre le niveau de développement de l’Europe et celui de l’Amérique du Sud rend très difficile l'obtention d'un accord équitable pour tout le monde. C'est d'autant plus compliqué que cet écart est immense. Pour les règles de production dans le secteur agricole par exemple, Lula, malgré des efforts, n’a pas remis en cause l’utilisation des 2 182 pesticides autorisés par Bolsonaro durant son mandat. Ainsi, deux mondes et deux réalités s’opposent à chaque séances de négociations.
L’Union européenne et le Mercosur se rejoignent sur un seul constat : les différentes crises internationales comme le Covid, l’Ukraine, le Proche Orient l’ont prouvé, pour éviter toute dépendance, il est impératif de diversifier ses partenaires. L’énergie dépensée des deux côtés révèle toute l’importance de cet accord de libre échange.
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