Mort de Robert Badinter : un militant permanent de l'abolition universelle de la peine de mort
L'ancien ministre de la Justice s'est battu toute sa vie pour l'abolition de la peine capitale partout dans le monde. Un combat qu'il savait inachevé, alors que 51 pays la pratiquent toujours en 2024.
Robert Badinter est décédé dans la nuit du jeudi 8 février, à 95 ans. L'ancien président du Conseil constitutionnel a également été le ministre de la Justice du président socialiste François Mitterrand. C'est à ce moment-là qu'il porte la loi du 9 octobre 1981 qui abolit la peine de mort, dans une France alors majoritairement en faveur de ce châtiment suprême. Il s'investit par la suite, jusqu'à son dernier souffle de vie, pour l'abolition universelle de la peine capitale.
Sur le site internet de l'association Ensemble contre la peine de mort, il est écrit "Merci Monsieur Badinter", accompagné d'une photo de l'ancien ministre qui semble encore nous regarder pour dire : "Ne lâchez pas le combat".
"J'étais le 28 décembre dernier avec lui, on travaillait encore, on discutait", se souvient avec émotion le directeur général de l'association Raphaël Chenuil-Hazan. "On se voyait une fois tous les deux mois pour parler de notre activité. Je lui exposais notre plan stratégique : où on veut aller, dans quel pays, avec quelle approche. Et il nous répondait avec la même acuité qu'il y a 10 ans. Robert Badinter, non seulement jusqu'à la fin de sa vie était engagé, mais jusqu'à la fin de sa vie, il a eu cette étincelle, cette lueur de pertinence, cette intelligence qui pour moi en tant que directeur a été unique, j'ai eu cette chance de pouvoir être accompagné par le plus grand des hommes", déclare Raphaël Chenuil-Hazan.
111 pays ont aboli la peine de mort, 51 la pratiquent encore
Robert Badinter a milité jusqu'à la dernière minute, car il savait la croisade inachevée pour abolir la peine de mort partout sur la planète. Le dernier pays à avoir aboli la peine de mort, en 2023, est le Ghana, portant à 111 le nombre de pays ayant franchi le pas, avec des nuances selon les pays. Il y a ceux où la peine de mort n'existe plus, comme en France, au Canada, en Afrique du Sud ou en Mongolie. Ceux où elle n'est plus pratiquée pour les crimes de droit commun, mais où elle peut encore s'appliquer dans certains cas exceptionnels, comme la haute trahison en période de guerre, c'est le cas au Brésil, au Pérou ou encore au Chili. Et il y a les pays qui ont signé un moratoire, comme dans certains États américains, mais aussi en Algérie, au Kenya ou au Mozambique. Enfin, 51 pays pratiquent toujours la peine de mort, comme le Chine, l'Inde, l'Ethiopie, l'Iran ou encore en l'Arabie saoudite. On estime à 30 000 le nombre de personnes qui se trouvent sous le coup d'une condamnation à mort dans le monde, en 2024.
Un combat universel et une aura planétaire
Robert Badinter était un pèlerin infatigable contre la peine de mort, un personnage unique à l'aura planétaire. De la famille des Mandela à celle des Martin Luther-King, partout où il se déplaçait dans le monde, il était reconnu. Raphaël Chenuil Hazan a voyagé avec l'ancien ministre à travers le monde et partout, des inconnus, comme des célébrités, le reconnaissent. "Aux États-Unis, de jeunes étudiants en droit venaient demander des autographes alors qu'ils ne parlaient pas un mot de Français, parfois ils ne parlaient même pas l'anglais. Nous avions des personnalités dans les pays qui me demandaient s'ils pouvaient avoir un autographe de Badinter, alors qu'eux même étaient des personnalités dans leur propre pays", se souvient Raphaël Chenuil Hazan. Pour lui, si Robert Badin avait cette aura planétaire, c'est parce qu'il "avait su montrer au monde que les droits de l'homme et l'abolition de la peine de mort sont des questions universelles. Et c'est cette universalité qu'il portait en lui et qui l'a fait connaître partout dans le monde". Un combat universel qui permet de rappeler qu'il existe encore cinq façons de condamner à mort dans le monde : par décapitation, par électrocution, par pendaison, par balle et par injection.
À regarder
-
Piétons zombies : les dangers du téléphone
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
-
Tornade meurtrière : scènes d'apocalypse dans le Val-d'Oise
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
La lutte sans relâche contre les chauffards
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter