: Reportage Roland-Garros 2022 : l'entretien des courts, un minutieux travail de l'ombre
Chaque jour, près de 200 personnes s’activent du matin au soir à balayer, arroser et aplanir la vingtaine de courts de Roland-Garros. Reportage auprès des artisans de la mythique terre battue de la porte d’Auteuil.
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Il n’est que 6h30 mais Philippe Vaillant est déjà sur le pont. "C’est la course, comme tous les jours", glisse le responsable de l’entretien des courts du Grand Chelem parisien entre deux consignes données par talkie-walkie. La terre battue n’a plus de secret pour ce passionné de la balle jaune. Présent depuis plus de vingt ans à Roland-Garros, il veille au grain sur l’ensemble des 18 courts du complexe porte d’Auteuil - ainsi que les 13 autres situés à proximité du côté de Jean-Bouin et du Bois de Boulogne. Terrains, filets, logos des partenaires, lignes blanches : "Dès qu’on passe la porte du court, c’est notre domaine", résume en riant le gardien de la plus mythique des terres battues.
Dans les allées du stade, les équipes de Philippe Vaillant s’activent, pelles et brouettes en mains. Si les matchs démarrent en fin de matinée, tout doit être prêt en moins de deux heures pour les premiers entraînements de la journée. Parmi la panoplie d’outils nécessaires à la préparation des courts, les balais s'activent en premiers. "Il faut réétaler la terre malmenée par les joueurs la veille, explique le Picard de 56 ans dans son uniforme bleu foncé. Après les quatre matchs de la journée, le terrain est tout cabossé, c'est la porte ouverte aux faux rebonds."
"Certains posent des congés"
Une fois le terrain gratté, il faut passer le filet de traîne pour l'aplanir, rajouter de la terre battue, asperger du chlorure de calcium pour garder l’humidité de la surface et terminer le tout par un arrosage conséquent. Chaque matin, un court nécessite une heure à une heure trente d’entretien. Mais le travail ne s'arrête pas là : dans la journée, de rapides liftings sont effectués à chaque set et entre chacune des rencontres.
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En tout, 185 "artisans de la terre" comme les surnomme Philippe Vaillant sont mobilisés dès l'aurore. Des gens de tous âges et aux profils très différents : demandeurs d’emploi, étudiants et même des salariés. "Certains posent des congés pour participer au tournoi et ne manqueraient cette période pour rien au monde. L’un d’entre eux revient chaque année depuis 27 ans, c’est une vraie passion", sourit Philippe Vaillant.
De la terre battue... en brique
La terre battue de Roland-Garros porte bien mal son nom. Car contrairement à ce que l’on pourrait croire, aucun gramme de terre ne compose les courts. Il s’agit en fait de brique pilée, "de trois à cinq millimètres d’épaisseur". En dessous, plusieurs couches se superposent : argile, calcaire, mâchefer (des résidus de roche volcanique), cailloux et, enfin, sol naturel. En tout, 40 tonnes de briques sont utilisées sur l'ensemble du tournoi.
Cet or rouge, symbole numéro un de Roland-Garros, fait l’objet d’une attention constante de la part des équipes. "La terre battue est une matière vivante, qui évolue constamment en fonction des conditions météo", explique Philippe Vaillant. La meilleure arme des services techniques est l’arrosage. Il permet de plaquer la brique, très volatile, au sol, et de garder la qualité et la souplesse du court. "Sinon, la surface sèche très vite et devient une dalle de béton", glisse-t-il. L’eau joue également sur la vitesse de jeu : "Un court asséché est plus rapide et plus glissant", précise celui qui travaille avec la Fédération française de tennis depuis 1995.
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Certains jours, la pluie fait le travail de l'équipe d'entretien, sans toutefois la mettre au chômage technique. Pour devancer les averses et dégainer les immenses bâches sur tous les courts, Philippe Vaillant est en lien permanent avec des météorologues présents à Roland-Garros. "Ils sont essentiels au bon fonctionnement du tournoi. Grâce à eux, on sait exactement où il va pleuvoir à la minute près." Les conditions parfaites ? Le temps du jour, humide et sans soleil direct "pour éviter que la terre ne sèche".
Tracteurs et rouleaux compresseurs
Pendant les trois semaines du tournoi, Philippe Vaillant ne compte pas les efforts. "Je dois faire entre 15 et 20 kilomètres par jour”, estime ce fan inconditionnel de Rafael Nadal. Mais pour lui, tout démarre bien en amont des premiers matchs de qualifications. "La réfection des courts au printemps, c’est le moment critique de la saison, explique-t-il. Avec le gel et le froid hivernal, les courts sont injouables."
Les femmes et les hommes derrière la mythique terre battue de Roland-Garros #RolandGarros pic.twitter.com/x2Gfy7BFsq
— FFT (@FFTennis) May 26, 2021
De mars à mai, il faut remettre à niveau la trentaine de courts. "Comme l’agriculteur laboure son champ, on vient casser le terrain avec des tracteurs et des gros rouleaux de 700 kg. Puis on gorge les courts d’eau et on rajoute de la brique." Un travail colossal et onéreux, mais nécessaire pour que les courts encaissent services à 200 km/h, glissades accidentelles et smashs puissants des meilleurs joueurs de la planète.
S'ils sont majoritairement utilisés pendant la période du Grand Chelem, les courts du complexe sont pratiqués et bichonnés jusqu'aux premiers gels de l'année. Quelques mois d'hibernation bien méritée pour les terrains et de repos pour Philippe Vaillant, avant de repartir, pied au plancher, pour l'édition suivante.
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