Roland-Garros 2025 : "Quand on entendait son palmarès, ça faisait flipper"... Pour la première sans Rafael Nadal, un nouveau chapitre s'ouvre
Si l'Espagnol aux 14 titres Porte d'Auteuil fera une apparition à Paris pour un dernier hommage dimanche, il sera bel et bien absent en tant que joueur pour la première fois depuis près de vingt ans. De quoi faire naître de nouvelles ambitions sur le Tour.
/2023/06/13/6488414b9dac6_appo-rond.png)
/2025/05/14/sipa-shutterstock41214578-000003-6824935be10af376897989.jpg)
Un Roland-Garros pas comme les autres. Depuis vingt ans, Rafael Nadal a habitué les fans de tennis à sa présence porte d'Auteuil, mais surtout à la victoire depuis 2005, dès sa première participation. Sur 19 éditions, l'Espagnol s'est imposé à 14 reprises, de quoi dégoûter certains, ou en décourager d'autres. S'il n'a raté qu'une seule fois le tournoi en 2023 pour blessure, cette fois-ci, chacun sait qu'il ne se présentera plus sur le court pour défendre son titre.
"Cela fait forcément bizarre parce que Rafa, ça rime un peu avec Roland-Garros aujourd'hui. C'est étrange de se dire que le tournoi va commencer et que le favori ne sera pas Rafael Nadal", observe Paul-Henri Mathieu, ex-12e mondial et capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis. Car en dix-neuf ans, l'Espagnol a su faire du court central son jardin. "Quand il était là, tout le monde cherchait à savoir qui allait être le finaliste et pas le vainqueur, se souvient Marc Maury, speaker à Roland-Garros depuis 2004. Les autres joueurs n'étaient pas résignés, mais il mettait tellement de pression que personne ne voulait le rencontrer avant la finale."
Le court Philippe-Chatrier devenu son jardin
Surtout à Roland-Garros, sur le court Philippe-Chatrier, qui est devenu sa maison, et qui lui permettait, encore plus qu'ailleurs, d'y imposer son jeu dynamité au lift. "Il maîtrisait les déplacements sur terre sans préparation, ses trajectoires de balles, très lourdes et qui rebondissaient vraiment haut, s'adaptaient parfaitement à la surface. Sans parler de sa capacité physique, lui permettant de jouer pendant des heures avec un effet rouleau compresseur. Dès qu'il avait un adversaire en proie, il ne le lâchait plus", raconte Paul-Henri Mathieu.
"Ses résultats parlent pour lui. Jouer Rafa sur terre, et encore plus à Roland-Garros, a été le challenge le plus difficile de ma carrière", confirme Stan Wawrinka, qui se rappelle de sa finale à Paris en 2017 (6-2, 6-3, 6-1), leur dernière confrontation à Roland-Garros. "Il était tellement fort, tellement en confiance. Il savait exactement ce qu'il devait faire sur terre pour gagner", appuie le Suisse, bénéficiaire à 40 ans d'une invitation pour le tableau principal.
/2025/05/24/000-47ct2wd-68321a769bd29124682270.jpg)
Un sentiment partagé par Alexander Zverev, demi-finaliste défait face à l'Espagnol en 2022. "Quand j'ai su que je le jouais au premier tour l'an dernier [2024], ce n'était pas le meilleur sentiment du monde au moment du tirage au sort. Jouer Rafael Nadal sur le court Philippe-Chatrier est la tâche la plus difficile de l'histoire du sport. C'est probablement l'athlète le plus redouté sur un stade", a-t-il glissé en conférence de presse à Roland-Garros, vendredi 23 mai. Et pour cause, même les joueurs très à l'aise sur terre, et remportant des titres sur cette surface, n'arrivaient jamais à Paris en tant que favori.
"Il se passe quelque chose face à Nadal"
Cette pression se ressentait même dès l'entrée sur le court central du Taureau de Manacor, notamment quand Marc Maury énumérait un par un les titres remportés à Roland-Garros, dont la liste s'allongeait année après année. "Bien sûr qu'il se passe quelque chose chez les autres joueurs car affronter Nadal n'est pas anodin. Et on ne peut pas le présenter comme un joueur lambda", reconnaît la voix du tournoi. Encore moins Porte d'Auteuil.
"A Roland-Garros, il se passait quelque chose de plus qu'ailleurs, sur ce court, avec sa façon d'entrer tel un taureau dans l'arène, avec sa routine, sa concentration, ses gestes qui mettaient toujours la pression sur l'adversaire."
Marc Maury, speaker à Roland-Garrosà franceinfo: sport
Le célèbre speaker se souvient d'une anecdote, en 2020, où l'Américain Sebastian Korda s'est liquéfié lors de l'annonce interminable du palmarès. "Une fois mon annonce terminée, je l'ai senti nerveux. Il a d'ailleurs perdu sèchement, [6-1, 6-1, 6-2]. Et quelques semaines plus tard, nous nous sommes retrouvés sur un tournoi", se remémore Marc Maury.
L'Américain, qui ne comprend pas le français, avait pourtant identifié dans l'annonce du speaker l'enchaînement des titres remportés par l'Espagnol à Paris. "Il me confie alors : 'J'étais tendu. Dès le vestiaire, puis l'attente avant de rentrer sur le court... Il se passe quelque chose quand tu joues face à Nadal. Mais au moment de sa présentation, la tension est montée. Je suis pris par un fou rire nerveux. J'étais incapable de me relâcher et je perds les cinq premiers jeux du match'", rapporte Marc Maury.
Pression psychologique
Paul-Henri Mathieu a aussi expérimenté ces énumérations du palmarès longues comme le bras. "Quand on est sur les courts centraux, et que l'on entend le palmarès de Nadal, ou du reste du Big Three, évidemment cela fait flipper. À l’inverse, on passe très rapidement sur le nôtre", rit-il. "Forcément, poursuit-il, il y a un aspect psychologique qui est énorme et ça fait flipper, même si on essaie d'oublier pour se relâcher et de faire abstraction pour se concentrer sur le match, cela nous rappelle la réalité, de qui on a en face."
S'il confirme que l'absence de Rafael Nadal sera dans tous les esprits, l'ancien 12e mondial, qui avait pris un set à l'Espagnol à Roland-Garros après une grande bataille en 2006, estime que de nombreux joueurs vont pouvoir croire qu'une bonne quinzaine, voire une victoire à Paris, est désormais possible. "Chaque année, il arrivait très bien préparé et tout le monde se disait qu'il était quasiment imbattable. À l’époque, quand on discutait entre joueurs, on se disait 'j'espère que je ne vais pas jouer Nadal trop tôt dans le tournoi", se remémore Paul-Henri Mathieu.
"Aujourd'hui, personne n'est imbattable. Le circuit est hétérogène et ouvert pour la première fois depuis longtemps. Cela change la donne."
Paul-Henri Mathieu, ex-12e mondial et capitaine de l'équipe de France de Coupe Davisà franceinfo: sport
De quoi faire naître un nouvel espoir chez de nombreux joueurs qui ont buté sur l'Espagnol. "Il doit y avoir moins de pression, car ils doivent se dire que ce qui était auparavant inatteignable, devient aujourd'hui possible, souligne Paul-Henri Mathieu. Je pense notamment à des joueurs comme Stefanos Tsitsipas ou d'autres de cette génération, qui même à leur meilleur niveau n'ont pas réussi à le battre à Roland-Garros."
Une nouvelle ère
Alexander Zverev et Casper Ruud en ont fait les frais. Le premier en demi-finale en 2022 où, blessé gravement à la cheville, il avait été contraint à l'abandon, et le deuxième lors de sa finale perdue contre lui en 2022. "Il n'a perdu que quatre matchs ici [sur 116 disputés]. C'est une statistique incroyable, salue Casper Ruud, auprès de franceinfo: sport. Tous les joueurs seront un peu tristes qu'il ne soit plus là, parce qu'il a eu une carrière extraordinaire, [mais en même temps], le tournoi est un peu plus ouvert. En tout cas, il y a 100 % de chances que Nadal ne gagne pas cette année, parce qu'il ne joue pas", s'amuse le Norvégien.
Une nouvelle ère s'ouvre ainsi à Roland-Garros, après dix-neuf ans de domination "nadalienne". Qui se positionnera pour lui succéder ? Le tenant du titre Carlos Alcaraz ? L'actuel numéro un mondial Jannik Sinner ? Ou un outsider audacieux ? "C'est ce qui rend cela excitant, estime Paul-Henri Mathieu, parce qu'on se demande qui va gagner Roland-Garros. Avant, on savait 95% du temps que c'était Rafa qui allait finir avec la coupe." En 2025, les pronostics sont bien moins évidents à faire.
À regarder
-
La police de l’immigration au Superbowl de Bad Bunny ?
-
Pizza au matcha : tu valides ?
-
Polémique : Shein ouvre des magasins en France
-
Les Français sont-ils trop propres ?
-
Attaque terroriste : deux morts devant une synagogue à Manchester
-
Pour votre santé, seulement 14g de viande rouge par jour.
-
Ligotés et dénudés : enquête sur un bizutage à Toulouse
-
Boutiques de luxe : nouveau braquage à la voiture bélier
-
Baisses d'impôts : les premières pistes de Sébastien Lecornu
-
On t'emmène à l'entrainement du GP
-
Ces pays où la Gen Z se révolte
-
Immeuble squatté : le désespoir des propriétaires
-
Fraude à 2,3 millions : des dentistes soupçonnés d'escroquerie
-
Au Maroc, deux morts dans les manifestations de la jeunesse
-
Qui était Jane Goodall qui aura consacré sa vie à la préservation des chimpanzés ?
-
Ce bateau inquiète la France
-
Maroc : une jeunesse en colère
-
C’est quoi ce nouveau bac de maths en Première ?
-
Attaque meurtière devant une synagogue à Manchester
-
Shein ouvre 6 boutiques en France
-
100 000 euros à trouver : un hôpital en appelle à la population
-
Retraite des femmes : leurs pensions bientôt améliorées
-
La flottille pour Gaza interceptée par Israël
-
Exclusif : l'enregistrement choc de Cédric Jubillar
-
Pluies torrentielles : déluge mortel en Ukraine
-
Navire fantôme russe : des commandos français à bord
-
La folie piment : le goût de l'extrême
-
La Szon Patrol, la trend mascu détournée
-
Alarmes : la guerre des prix
-
Pourquoi la gen Z se révolte au Maroc ?
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter