Additifs nitrés dans la charcuterie : l'Assemblée nationale favorable à "une trajectoire de baisse"
Les députés ont voté en première lecture une proposition de loi qui ouvre la voie à une baisse des additifs nitrés. A ce stade, ils n'ont pas souhaité d'interdiction, notamment en attendant l'avis de l'Anses au printemps.
L'Assemblée nationale a voté le principe d'une "trajectoire de baisse" des doses maximales d'additifs nitrés dans la charcuterie, jeudi 3 février. La mesure a été adoptée en première lecture à la quasi-unanimité (93 voix pour, une contre) mais les députés, à ce stade, n'ont pas tranché en faveur d'une interdiction pure et simple de ces conservateurs controversés.
Le texte doit désormais être examiné par le Sénat, dominé par la droite, ce qui paraît peu probable sous cette mandature compte tenu du calendrier parlementaire déjà chargé et qui s'interrompra le 27 février.
Auteur de la proposition de loi, le député centriste du Loiret Richard Ramos – qui fabrique en amateur sa propre charcuterie – s'est félicité de ce vote "historique" d'un texte "humaniste", constituant une "réponse concrète à la malbouffe, qui touche surtout les plus pauvres". En soutien, le ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau, au nom du gouvernement, a aussi souligné le "risque d'une alimentation à deux vitesses", alors que les gammes sans nitrites, plus chères, se développent.
L'avis de l'Anses très attendu
Les charcutiers recourent aux composants nitrés pour allonger la durée de conservation des produits et prévenir le développement de bactéries pathogènes à l'origine notamment du botulisme, une affection neurologique grave largement oubliée du fait des progrès sanitaires. En plus de donner sa couleur rose au jambon, naturellement gris, ils permettent aussi d'utiliser de la viande de moins bonne qualité, moins chère, tout en gagnant du temps dans les procédés de séchage, selon un rapport parlementaire de 2021, cosigné par Richard Ramos.
La proposition de loi prévoyait initialement une interdiction par étapes de ces additifs nitrés d'ici à 2025. Mais elle a été réécrite en commission, sous la houlette du ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, qui souhaite d'abord consulter l'avis de l'agence sanitaire Anses, prévu courant 2021 et finalement reporté à juin prochain.
Après la promulgation de la loi, et en fonction de l'avis de l'Anses, un décret devra fixer "une trajectoire de baisse de la dose maximale d'additifs nitrés au regard des risques avérés pour la santé humaine". Ce texte pourra aussi "fixer une liste et un calendrier" d'interdiction de commercialisation de produits incorporant ces additifs. Dans les dix-huit mois, un étiquetage spécifique de ces produits sera élaboré.
Aller "plus vite et plus loin" contre les additifs nitrés
Certains, comme la socialiste Cécile Untermaier, auraient souhaité aller "plus vite et plus loin" contre les additifs nitrés. Mais "nous ne pouvons pas anticiper des avis scientifiques sans fragiliser nos décisions", a-t-elle relevé, soulignant que l'enjeu était de s'assurer que le texte "ne reste pas lettre morte". L'"insoumis" Loïc Prud'homme, qui a voté contre le texte, a dénoncé avec force le lobbying notamment de la Fédération des industriels de la charcuterie, et une expertise qu'il estime déjà "biaisée" de l'Anses.
En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé la viande transformée, notamment la charcuterie, comme cancérogène (catégorie 1). Les nitrites ingérés sont quant à eux considérés comme des cancérogènes probables (catégorie 2A).
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