Sucre : plaisir quotidien, danger silencieux

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min - vidéo : 4min
Article rédigé par France 2 - A. Girault-Carlier, O. Labalette, F. Lemoal, J. Duponchel, S. Ripaud, G. Liaboeuf, F. Maria - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Accros au sucre sans toujours le savoir. Derrière les gâteaux, les boissons sucrées ou même le ketchup, se cache une consommation massive. Entre plaisir quotidien et stratégie des industriels, le sucre s’invite partout, créant une dépendance aux conséquences parfois lourdes pour la santé.

Ce texte correspond à une partie de la transcription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Jean Max fait partie de ces personnes pour lesquelles une journée sans sucre est une journée sans saveur. "Je suis grand, normalement j’ai une double part." Alors même s’il a déjà pris son petit déjeuner, pas question de se priver d’un morceau de gâteau : "Ça me procure du bonheur et du bien-être. Une petite douceur du matin, pour être en forme, pour être agréable vis-à-vis des gens que je côtoie. Moi, c’est ma petite caresse du matin, on va dire", confie-t-il.

Des aliments sucrés, il en consomme matin, midi, goûter et même soir. "Par exemple, je vais prendre des mandarines, j’en prends trois ou quatre. Moi, j’aime bien, quand on prend le café, des petits roulés au chocolat", détaille-t-il. Son stock de réserves est toujours à portée de main.

Le sucre, présent là où on ne l’attend pas

Si certains produits affichent clairement leur côté sucré, d’autres en contiennent bien plus qu’on ne l’imagine. Une boîte de céréales fourrées au chocolat, c’est l’équivalent de 18 morceaux de sucre. Un petit yaourt à boire, 3 morceaux. Et plus surprenant encore : dans une petite bouteille de ketchup, on trouve l’équivalent de 9 morceaux et demi.

Pourquoi une telle présence dans nos produits salés ? Christophe Brusset, lanceur d’alerte et ancien ingénieur de l’industrie agroalimentaire, explique : "Depuis longtemps, le sucre est une matière première peu chère, idéale pour remplacer d’autres ingrédients plus coûteux. On sait parfaitement que mettre du sucre, même à faible dose, c’est relativement nocif. Mais il y a une réalité de marché : si un produit n’est pas suffisamment doux, il ne se vend pas."

À force, les consommateurs sont devenus dépendants. "Ce qui était alarmant, c’était de voir que nos clients s’habituaient de plus en plus à consommer du sucre", ajoute-t-il.

Nos propres recherches confirment cette tendance : la boîte de 100 g de petits pois carotte de distributeurs Leclerc et Carrefour contenait environ 3 g de sucre en 2013. Aujourd’hui, c’est 3,7 g. Du côté d’Intermarché, une pizza affichait 3,3 g de sucre pour 100 g en 2017, contre 5,7 g aujourd’hui. L’enseigne justifie cette hausse par la présence plus importante de tomates, "naturellement sucrées".

Une dépendance qui menace la santé

Pour les consommateurs, décrypter les étiquettes n’est pas simple. Le sucre se cache derrière de nombreux noms : saccharose, dextrine, glucose, sirop de maïs…

Selon Laeticia Suissa, nutritionniste, cette présence constante favorise une véritable dépendance : "Le sucre libère de la dopamine, l’hormone du plaisir. Cela procure une sensation immédiate de bien-être. Mais plus les variations sont fortes, plus le besoin de sucre augmente."

À long terme, la surconsommation de sucre représente un risque réel : diabète, surpoids, maladies cardiovasculaires… Autant de menaces qui rappellent que cette "petite caresse" du quotidien n'est pas toujours sans conséquences.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.