Trois questions sur les vaches à hublot après la diffusion d'une vidéo choc de l'association L214
L'association a pointé du doigt cette pratique jusqu'ici assez peu connue du grand public.
Une nouvelle fois, les images choquent. Avec l'aide de l'animateur Nagui, l'association de défense des animaux L214 dénonce, dans une vidéo diffusée jeudi 20 juin, la pose de hublots sur l'estomac de vaches dans un centre de recherche en nutrition animale situé dans la Sarthe. Franceinfo s'est interrogé sur cette pratique jusqu'ici assez peu connue du grand public.
A quoi servent ces hublots ?
Sur ces images difficilement soutenables, on peut notamment voir le flanc de vaches être percé puis doté d'un "hublot". Ce sas permet à des employés d'accéder au rumen, l'un des quatre appareils digestifs des ruminants. Ils y plongent leur bras. On voit aussi un employé nettoyer la zone de ce hublot avec un jet d'eau. "On a percé un trou dans leur estomac pour pouvoir accéder à tout moment à son contenu", décrit l'animateur Nagui.
Régulièrement, des employés viennent ouvrir le hublot pour y déposer des échantillons d'aliments ou faire des prélèvements.
Naguidans la vidéo de L214
"Par ce hublot, on va déposer des sachets à l'intérieur des estomacs, dans la panse des vaches, de façon à voir comment la nourriture se dégrade, à quelle vitesse va la digestion, etc. C'est vraiment l'étude de la digestion avec un accès direct dans l'estomac", précise à franceinfo Brigitte Gothière, cofondatrice de L214. Selon l'association, "ces recherches sont destinées à booster toujours plus la productivité des animaux via leur alimentation".
Est-ce une pratique très répandue ?
Cette pratique, peu connue du grand public, est pourtant ancienne. Elle est également utilisée au Canada ou aux Etats-Unis. Ce "procédé dit de 'fistulation' (...) représente à l'heure actuelle l'unique solution permettant d'étudier la digestion des protéines végétales", assure le groupe agroalimentaire Avril, propriétaire du centre de recherches filmé par L214, dans un communiqué. Il est utilisé au sein de la ferme d'innovation de Sourches, à Saint-Symphorien (Sarthe), "sur six vaches" et "fait l'objet de recherches devant permettre la mise en place de pratiques alternatives".
Cette analyse est essentielle à de nombreux progrès en élevage et permet notamment d'améliorer la santé digestive de millions d'animaux, de réduire l'usage d'antibiotiques en élevage et de réduire les émissions de nitrates et de méthane liées à l'élevage.
Le groupe agroalimentaire Avrildans un communiqué
De son côté, l'Institut national de recherche agronomique (Inra) assure auprès de l'AFP que cette technique est utilisée sur une trentaine de vaches en France. "Le nombre de vaches à canules a considérablement diminué parce que les besoins en recherche sont moins importants", estime Jean-Baptiste Moreau, le député LREM de la Creuse, par ailleurs éleveur, interrogé par franceinfo.
Par ailleurs, cette pratique peut également être destinée à améliorer la santé des vaches. "Les canules [ou hublots] sont impressionnantes vu de l'extérieur, mais pour nous vétérinaires, c'est très fréquent d'utiliser cette technique pour traiter des vaches qui ont des problèmes digestifs", explique au Monde (article payant) Bérénice Senez, vétérinaire dans l'Ardèche.
Les vaches souffrent-elles ?
Ce procédé "s'accompagne d'un suivi vétérinaire extrêmement rigoureux", fait valoir le groupe agroalimentaire Avril. Si la pose de la canule nécessite une intervention chirurgicale, accompagnée d'antidouleurs et d'antalgiques, difficile de savoir si la vache éprouve une douleur physique, une fois la plaie cicatrisée, souligne Le Monde.
"Une fois que la canule est installée, l'animal ne souffre plus parce que sinon il ne serait pas en conditions normales et l'expérimentation n'aurait donc aucun intérêt", assure de son côté le député Jean-Baptiste Moreau.
Le but de ces canules, c'est de voir le fonctionnement du rumen en situation normale. Or, une vache qui est en situation de stress ou de mal-être ne rumine pas.
Jean-Baptiste Moreausur franceinfo
De son côté, l'association L214 évoque une "mutilation" et va contester devant la justice le "caractère strictement nécessaire" des recherches du groupe Avril.
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