Augmentation des violences faites aux médecins : elles "fragilisent encore plus notre système de santé", dénonce Saïd Ouichou, médecin généraliste à Marseille

"Un médecin agressé, aujourd'hui, quand il arrête d'exercer, ce sont tous ses patients qui perdent l'accès aux soins, c'est très grave", lance Saïd Ouichou, lundi auprès de France Inter. Les violences faites aux médecins ont bondi de 26% en 2024, selon le Conseil national de l'Ordre des médecins.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un médecin en consultation (photo d'illustration). (NATALIA GDOVSKAIA / MOMENT RF)
Un médecin en consultation (photo d'illustration). (NATALIA GDOVSKAIA / MOMENT RF)

"Quand on prend" en compte "les agressions contre l'ensemble des soignants (infirmières, kinés, pharmaciens) pour la même année, on en est à 20 961 agressions", dénonce lundi 29 septembre sur France Inter Saïd Ouichou, médecin généraliste à Marseille et candidat dans les 15 et 16e arrondissements aux municipales de 2026.

Ce praticien est à l'origine de mobilisations contre les agressions de soignants cette année, alors que le Conseil national de l'Ordre des médecins révèle une augmentation de 26% des violences faites aux médecins en 2024. Toutes causes confondues, près de 2 000 incidents ont été déclarés l’an dernier par des médecins, un chiffre en constante augmentation depuis 2021. "C'est assez catastrophique car ces violences fragilisent encore plus notre système de santé", fustige Saïd Ouichou. "Un médecin agressé, aujourd'hui, quand il arrête d'exercer, ce sont tous ses patients qui perdent l'accès aux soins, c'est très grave". 

"Il faut appliquer cette loi Pradal"

Le médecin a été confronté à ce problème dans son propre cabinet dans les quartiers nord de Marseille. "Au mois d'août l'année dernière, une des médecins, associée de mon cabinet a été agressée", raconte Saïd Ouichou. À la suite de cette agression, "elle a quitté le cabinet et elle a même quitté Marseille. C'est une grosse perte pour la population et les patients qu'elle prenait en charge". "Il y a des violences verbales, mais aussi physiques. Dans le cas de ma consœur, elle a été rouée de coups pendant plusieurs minutes et mordue également", poursuit Saïd Ouichou.

"Ces violences ne se limitent pas malheureusement aux simples colères et coups de gueule. Il y a des coups et des blessures physiques."

Saïd Ouichou, médecin généraliste à Marseille

à France Inter

Pour le généraliste, "ces violences se sont banalisées parce qu'il n'y a pas de justice". On "s'est mobilisé contre ces violences, une loi a été votée, la loi Pradal, mais faute d'application réelle par la justice, elle reste une promesse inachevée", déplore Saïd Ouichou. "Il faut appliquer cette loi Pradal pour envoyer un message clair à la population pour faire comprendre que l'agression d'un médecin est un acte très grave et que vous risquez des sanctions graves." La loi Pradal - promulguée en 2025 mais dont certains décrets manquent - a alourdi les sanctions pour violences et outrages à l'encontre des soignants. Elle permettra notamment aux directeurs d'établissement et à l'Ordre des médecins de déposer plainte à la place de la victime. 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.