Octobre rose : "Prenez-le au sérieux. L’annonce fait peur, le mot cancer fait peur… mais vous pouvez y arriver", encourage Charlotte Tranquilin, joueuse d’e-sport, diagnostiquée d’un cancer du sein à 21 ans.

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6Medias
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Invitée du "11h/13h", Charlotte Tranquilin, membre de l’équipe Galions sur League of Legends, revient sur son combat contre un cancer du sein, diagnostiqué à seulement 21 ans, à l’occasion du lancement de la 32ᵉ édition d’octobre rose.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


Lucie Chaumette : Votre diagnostic indiquait un cancer du sein triple négatif de grade 3, détecté alors que vous aviez seulement 21 ans. Il semble qu’il y ait eu un petit délai entre l’apparition des premiers symptômes et le diagnostic. Pourriez-vous nous expliquer ce qu’il s’est passé ?

Charlotte Tranquilin : J’avais senti une petite masse à l’âge de 21 ans, environ un an auparavant. Je suis donc allée consulter mon médecin. Après examen, on m’a dit qu’il n’y avait probablement pas de quoi s’inquiéter compte tenu de mon âge, car il arrive souvent de détecter des masses qui ne sont pas graves. En réalité, nous avons donc environ un an de retard : cette petite boule s’est finalement transformée en cancer du sein.

Lucie Chaumette : Et le diagnostic a-t-il été posé lors d’une consultation de routine, ou parce que vous aviez constaté une augmentation de cette masse, ou encore des douleurs particulières au cours de l’année écoulée ?

Charlotte Tranquilin : C’est effectivement la masse que j’avais remarquée qui a légèrement grossi, de 1 à 2 centimètres environ. J’ai alors consulté un autre médecin, qui a recommandé des examens complémentaires. Cela a également pris environ six mois.

Lucie Chaumette : Donc il a fallu deux démarches sur une année pour obtenir un diagnostic. Comment réagit-on à un âge aussi jeune lorsqu’on apprend qu’on a un cancer du sein ?

Charlotte Tranquilin : C’est difficile à croire. Je pense que, quel que soit l’âge, c’est un choc. On me rassurait beaucoup en raison de mon âge : "Vous avez 20 ou 21 ans, ce n’est pas courant. Ne vous inquiétez pas. Le pourcentage est faible." Mais ces paroles rassurantes sont difficiles à intégrer.

Lucie Chaumette : Et vous y avez cru, à ces paroles rassurantes ?

Charlotte Tranquilin : Au moment de l’annonce, je m’accrochais à cette idée pour me rassurer. Mais ensuite, les chiffres sur les chances de guérison m’ont un peu dépassée. Moi, j’avais déjà été touchée malgré tout. Pour guérir, il n’y avait plus de calcul de pourcentage, c’était entre moi et moi.

Lucie Chaumette : Après ce diagnostic, le traitement devient un vrai marathon. Mais vous n’étiez pas seule. Je n’ai pas précisé au début, mais vous vous appelez Charlotte Tranquilin, et votre pseudonyme dans l’e-sport est Cosmic. Vous faites partie de l’équipe Galions sur League of legends. Comment votre passion pour l’e-sport et le soutien de votre équipe vous ont-ils aidée à traverser cette période difficile ?

Charlotte Tranquilin : Jouer en équipe, c’est comme avoir une seconde famille. Nous passons beaucoup de temps ensemble, et on devient proches. Quand la maladie survient, elle affecte tout le monde : va-t-elle m’empêcher de continuer à jouer, à vivre ma passion, à participer aux compétitions ? Cela a suscité de l’inquiétude, mais nous nous sommes vraiment soutenus, comme dans un cocon : "On va s’en sortir." Ce n’était pas seulement moi qui devais tenir, c’était tout le groupe.

Lucie Chaumette : Vous avez parlé immédiatement de votre situation à votre équipe ?

Charlotte Tranquilin : Oui, je voulais être transparente, autant avec mon équipe qu’avec ma communauté de passionnés. Inévitablement, les changements physiques allaient se voir : perte de cheveux, variation de poids… Il valait mieux annoncer la situation. Et je n’ai reçu que plus de soutien que ce que j’imaginais.

Lucie Chaumette : Et les effets secondaires, comme la perte de cheveux ou de poids, étaient-ils une source d’inquiétude dans la pratique de l’e-sport ?

Charlotte Tranquilin : Oui, j’avais très peur de ne plus pouvoir jouer. J’aimais mes cheveux, je faisais beaucoup de couleurs. Lors de mes finales sur scène, je devais apparaître en public, donc j’ai porté une perruque violette, comme mes cheveux précédents. J’ai dû m’adapter à ce nouveau moi, et apprendre à m’accepter malgré les changements.

Lucie Chaumette : Le soutien de la famille et des amis est donc crucial dans ces moments difficiles…

Charlotte Tranquilin : Absolument. Ma famille m’a énormément soutenue. La maladie est avant tout une bataille mentale, et tout l’entourage, qu’il s’agisse de proches ou même de messages de soutien d’inconnus, contribue à la guérison. Je leur en suis infiniment reconnaissante.

Lucie Chaumette : Pourquoi avoir choisi de témoigner aujourd’hui, à l’occasion de la campagne October Rose ?

Charlotte Tranquilin : Je ne souhaite cette épreuve à personne, mais quand je suis tombée malade, j’aurais aimé pouvoir parler à quelqu’un de mon âge. Il y a trois ans, les dispositifs n’étaient pas modernes : les perruques, les solutions adaptées, tout cela pouvait être très coûteux. Pouvoir échanger avec une personne qui comprend vraiment, c’est précieux.

Lucie Chaumette : Et que diriez-vous aux femmes qui craignent un cancer du sein, ou qui ont des doutes face à une masse détectée ?

Charlotte Tranquilin : Il est facile de repousser les examens ou de négliger sa santé, mais il faut dépasser cette réticence. Insistez, prenez vos symptômes au sérieux. Le mot "cancer" fait peur, mais vous pouvez y faire face. Si j’ai pu m’en sortir, tout le monde le peut. Faites-moi confiance.


Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.

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