Reportage Lutte contre le cancer : "On se considère comme un miraculé", témoigne un malade en rémission grâce à un traitement génétique personnalisé

Ce traitement, qui soigne certains cancers du sang, est fabriqué dans une usine à Amsterdam et fournit tous les pays européens.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Au service maladie du sang Hurier, 140 patients atteints de cancer hématologique ont pu être soignés au CHU de Lille par "CAR-T-cells". (PHILIPPE PAUCHET / MAXPPP)
Au service maladie du sang Hurier, 140 patients atteints de cancer hématologique ont pu être soignés au CHU de Lille par "CAR-T-cells". (PHILIPPE PAUCHET / MAXPPP)

Le congrès mondial du cancer, qui se tient à Chicago jusqu'au mardi 3 juin, se penche notamment sur les innovations en matière de cancer. Parmi celles-ci, un traitement innovant par "CAR T cells", qui soigne certains cancers du sang. Une seule injection coûte près de 300 000 euros, mais sauve un malade sur deux. L'usine de Gilead à Amsterdam fournit à tous les pays européens ce traitement génétique personnalisé.

Dans la zone d'expédition de l'usine, il y a un hangar ultra-sécurisé d'où partent les poches de CAR T cells. On y entend les roulettes des containers, qui ressemblent au petit robot R2-D2 de Star Wars, transportant ces cellules génétiquement modifiées.

Un traitement à 270 000 euros

"Les containers bleus que vous voyez ici contiennent les cellules des malades qui repartent vers les hôpitaux et vers ses patients", explique John Van Erp, qui dirige cette usine néerlandaise du géant pharmaceutique américain Gilead. Le directeur se penche sur les étiquettes d'expédition de ses précieux traitements, au coût unitaire de 270 000 euros. Les pochettes de "CAR T cells" sont plongées dans de l'azote liquide, à moins 150 degrés, pour être bien conservées le temps du trajet. "Celui-là va en France, celui-là aux Pays-Bas et celui-là en Espagne. Ça peut potentiellement sauver trois personnes", montre John Van Erp.

À travers les vitres des laboratoires de l'usine, des hommes en combinaison de cosmonaute marchent au ralenti, en manipulant les poches de globules blancs des patients pour éviter de déplacer des microbes et de polluer les précieux échantillons. 

"Le process est assez simple. Les globules blancs du patient qui sont prélevés et qui sont envoyés dans notre usine à Amsterdam pour y être modifiés et pour leur apprendre à reconnaître les cellules cancéreuses de ses propres patients. Et finalement, elles sont renvoyées dans les hôpitaux où les médecins vont réinjecter les cellules du patient. Et ce sont donc les propres cellules du patient qui vont reconnaître et tuer les cellules cancéreuses de ce malade", explique le directeur médical thérapie cellulaire de Gilead en France, Pierre Sinet.

Le parcours des patients bénéficiant du traitement par CAR T cells. (GILEAD)
Le parcours des patients bénéficiant du traitement par CAR T cells. (GILEAD)

Un patient sur deux en rémission

Les pochettes de "CAR T cells", prises en charge par des transporteurs spécialisés, ont maintenant 72 heures pour arriver dans l'hôpital où sont traités ces patients, chez qui un premier traitement a échoué. En une seule injection, les résultats peuvent être spectaculaires : un patient sur deux est en rémission cinq ans après. Pierre, un quinquagénaire, fait partie de ces chanceux à avoir été traité pour un lymphome.

"À partir du moment où j'ai cette injection, je suis sorti de l'hôpital. On n'a plus rien vu aux examens. Tout était parti, il n'y avait plus de traces de lymphome. Pouvoir annoncer à ses proches que tout va bien, qu'il n'y a plus rien... J'ai eu énormément de chance. Moi, j'ai eu un lymphome et des lymphomes, il y en a plein. J'avais celui qui pouvait être guéri par les "CAR T cells". Donc c'est tous ces éléments-là qui font que l'on se considère comme un miraculé", témoigne Pierre.

"Sentir le soulagement dans les yeux de ma compagne et de mes filles, ça fait un bien fou."

Pierre, un malade du cancer en rémission

à franceinfo

Cette usine est la seule en Europe à fabriquer ces fameux "CAR T cells". Elle a traité environ 3 000 patients en France. L'implantation de cette unité près de l'aéroport de Schiphol, à Amsterdam, a permis de gagner une semaine sur tout le processus. Entre le prélèvement des cellules du malade et l'injection, il faut compter seize jours, soit beaucoup moins que le traitement était envoyé depuis les États-Unis. Et pour ces cancers de mauvais pronostic, chaque jour compte.

"On se considère comme un miraculé", témoigne un malade en rémission grâce à un traitement génétique personnalisé

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