Aux Etats-Unis, une appli reconnue comme un moyen de contraception
L’agence américaine du médicament vient d’autoriser l'application Natural Cycles à faire sa publicité en tant que moyen de contraception. Le programme se base sur un algorithme pour calculer les jours d'ovulation.
Une application pour smartphone officiellement reconnue comme contraceptif ? Une nouveauté venue des Etats-Unis... Natural Cycles, un programme qui permet de calculer ses "jours non fertiles", a désormais le droit de faire sa publicité en se présentant comme un "moyen de contraception", a estimé l’agence américaine du médicament (FDA). Mais le principe de l'application laisse les experts sceptiques.
Pour rappel, l'ovulation a lieu environ deux semaines avant le début des règles. L’ovaire libère l’ovocyte, qui descend par la trompe utérine jusqu'à la cavité, où il est prêt à être fécondé. Natural Cycles se base sur plusieurs éléments pour déterminer les "journées vertes" (lorsque la femme n'est pas féconde) et les "journées rouges" : la température corporelle, la taille, le poids, ou la durée des cycles. En journée verte, selon l’application, la femme peut avoir un rapport. En journée rouge, elle doit s’abstenir ou utiliser un contraceptif.
"C’est une bonne méthode de conception, mais pas de contraception ! Elle peut seulement servir à repérer la période ovulatoire quand on cherche à être enceinte ", souligne la Dre Marie-Laure Brival, gynécologue obstétricienne.
"Un taux d’échec de 1,8%, ce n’est pas très bon."
L'application garantit donc une sécurité assez faible. "Un spermatozoïde a une durée de vie de 3 à 4 jours, donc on peut être fécondée même si l’on a eu un rapport pendant un jour « non fertile »", rappelle la gynécologue obstétricienne. Pourtant, la FDA a motivé sa décision en se basant sur les résultats d’une étude clinique sur 15 570 femmes ayant utilisé Natural Cycles pendant huit mois et démontrant un taux d’échec de 1,8%. Là encore, la Dre Brival tient à prévenir celles qui seraient tentées par l’expérience : "Un taux d’échec de 1,8%, ce n’est pas très bon. La pilule micro-progestative, par exemple, a un taux d’échec de 0,6%. En matière de contraception, on cherche à avoir un taux qui soit largement en-dessous de 1%."
- A lire aussi : "Les failles des méthodes de contraception naturelles"
Malgré cela, Natural Cycles a tout de même été officiellement reconnue comme contraceptif, et c’est une première. Elle n’est par ailleurs pas la seule sur le marché : Ladytimer, Mon Ovulation ou Glow se positionnent sur le même créneau. Cette tendance n’étonne en rien le Dr Brival, qui constate depuis quelque temps un retour en force des méthodes dites naturelles. "Beaucoup de femmes délaissent les méthodes médicales, en particulier hormonales. Et dans le même temps, ce type d’applications représente un vrai marché."
Une défiance envers la contraception orale
Le recours à la contraception orale a en effet fortement reculé depuis les scandales des pilules de 3e et de 4e génération en 2012. "Les risques de développer une maladie thromboembolique veineuse étaient pourtant déjà documentés, mais on a semblé les découvrir à ce moment-là ", déplore la Dre Brival. "Il ne faut pas prescrire la pilule s’il existe des contre-indications. Quand on respecte cela, il n’y a pas plus de dangers qu’avec autre chose", précise-t-elle. D’autant qu’il existe des méthodes contraceptives sans ou avec très peu d’effets secondaires : stérilet au cuivre, pilule micro-progestative… Le recours à des applications comme Natural Cycles est donc fortement déconseillé pour les femmes qui ne veulent absolument pas d’enfants.
Malgré le manque de fiabilité de ces méthodes néanmoins, le Dr Brival leur reconnaît un intérêt : "Des femmes ont réalisé qu’elles pouvaient s’approprier la question de la contraception et s’intéresser au fonctionnement de leur corps", note-t-elle. Une connaissance anatomique plus que jamais nécessaire aux Etats-Unis, où les femmes voient leur accès à la contraception progressivement restreint. La loi Obamacare obligeait en effet les employeurs à prendre en charge la contraception de leurs salariées, mais l’administration Trump y a mis fin l’année dernière. Dans le même temps, le gouvernement a coupé les subventions aux centres de santé qui ne séparent pas leurs activités de planning familial et d’IVG. De quoi s’inquiéter, donc, pour la liberté sexuelle des Américaines.
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