Le professeur Etienne-Emile Baulieu, inventeur de la pilule abortive, est mort à l'âge de 98 ans

Résistant à 15 ans, il était mondialement connu pour la portée scientifique, médicale et sociétale de ses travaux sur le rôle des hormones stéroïdes.

franceinfo

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Publié le 30/05/2025 16:24 Mis à jour le 30/05/2025 21:23

Temps de lecture : 2min

Le professeur Etienne-Emile Baulieu à l'hôpital du Kremin-Bicêtre (Val-de-Marne), le 17 mars 2023. (JOEL SAGET / AFP)

Un grand scientifique s'est éteint. Le professeur Etienne-Emile Baulieu, inventeur de la pilule abortive, est mort vendredi 30 mai à l'âge de 98 ans, à son domicile à Paris, a annoncé sa femme à l'AFP. A la fois médecin et chercheur, il était mondialement connu pour la portée scientifique, médicale et sociétale de ses travaux sur le rôle des hormones stéroïdes. "Ses recherches étaient guidées par son attachement aux progrès permis par la science, son engagement en faveur de la liberté des femmes, sa volonté de permettre à tous de vivre mieux plus longtemps", a rappelé sa femme, Simone Harari Baulieu, dans un communiqué.

Emmanuel lui a rendu hommage sur X. "Peu de Français ont à ce point changé le monde. Résistant, génie de la recherche, défenseur de la contraception, inventeur d’une pilule abortive, Étienne-Emile Baulieu fut un esprit de progrès qui permit aux femmes de conquérir leur liberté. Nous perdons un éclaireur de courage", écrit le président français, qui lui avait remis la Grand-Croix de la Légion d'Honneur en mars 2023.

Décoré par Emmanuel Macron

Fils d'un néphrologue qui meurt alors qu'il n'a que 3 ans, élevé par sa mère, féministe, il s'engage à 15 ans dans la Résistance. Ce "médecin qui fait de la science", comme il aime se définir, se spécialise dans l'étude des hormones stéroïdes. Invité à travailler aux Etats-Unis, il est remarqué en 1961 par Gregory Pincus, le père de la pilule contraceptive, qui le convainc de travailler sur les hormones sexuelles.

De retour en France, il conçoit une anti-hormone, qui permet de s'opposer à l'action de la progestérone, essentielle à l'implantation de l'œuf dans l'utérus. "Je voulais en faire un 'contragestif'", explique-t-il en 2023 à l'AFP, c'est-à-dire un moyen de contrer la gestation.

La molécule RU-846, mise au point en 1982 avec le laboratoire Roussel-Uclaf avec qui il s'est associé, est une alternative médicamenteuse à l'avortement chirurgical, sûre et peu onéreuse. Mais la bataille pour sa commercialisation sera rude, les puissantes ligues américaines anti-avortement l'accusant notamment d'avoir inventé une "pilule de la mort". "Vous, juif et résistant, on vous a accablé des plus atroces injures et on vous a comparé aux savants nazis (...) Mais vous avez tenu bon, par amour de la liberté et de la science", avait rappelé Emmanuel Macron en lui remettant la Grand-Croix de la Légion d'Honneur.

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