Cancer : l'immunothérapie a le vent en poupe
Expérimentée depuis quelques années dans le cadre de petits essais cliniques, l'immunothérapie ne cesse de marquer des points dans la lutte contre le cancer. Déjà sur toutes les lèvres lors du précédent congrès de cancérologie de l'ASCO, cette stratégie thérapeutique est au centre de toutes les conversations lors de son édition 2015.
La revue Science ne s'était décidément pas trompée, en décembre 2013, en reconnaissant à l'immunothérapie contre le cancer le statut d'avancée scientifique de l'année. Cette année-là, des résultats spectaculaires avaient été publiés dans la lutte contre le mélanome ou les tumeurs du poumon au congrès de cancérologie de l’ASCO. L'année suivante, les travaux d'immunothérapie se comptaient alors par centaines. Diverses études menées sur des patients à des stades très avancés de leur maladie (mélanome avancé, cancer de la vessie, cancer du col de l’utérus) révélaient des taux de survie drastiquement supérieurs à ceux attendus, ainsi que des cas de rémission.
Des résultats spectaculaires ont été présentés, cette année encore, à l'occasion du prestigieux congrès. Ils concernent cette fois-ci le traitement des cancers métastatiques du foie et des cancers pulmonaires dits "non à petites cellules". Un essai sur 132 malades atteints de tumeurs à la tête et au cou, impliquant l'anticorps pembrolizumab, a conduit à une réduction du cancer pour près d’un patient sur six, réduction jugée "très nette" chez un quart des malades. Chez certains, la tumeur aurait même "entièrement disparu".
Des limites importantes
Ces annonces optimistes, toujours plus nombreuses au fil des ans, ne doivent toutefois pas faire oublier les obstacles importants à une généralisation des stratégies d’immunothérapie.
Premier écueil : leur efficacité à moyen et long terme. En effet, les expériences menées ces dernières années montrent que, bien souvent, les molécules qui rendent possible les attaques contre les cellules malades ne sont efficaces que quelques semaines. De nombreuses études présentées ces trois dernières années au congrès de l'ASCO montrent que les stratégies d'immunothérapie retardent le développement de la maladie de quelques mois plus qu'elles ne la guérissent.
Une autre limite est la toxicité des molécules employées. En autorisant l'organisme à combattre des cellules du "soi", l'immunothérapie est une voie de traitement encore dangereuse. Les décès liés aux effets secondaires du traitement, directement imputables au dérèglement immunitaire, restent nombreux dans ces essais cliniques.
Dernier obstacle sur la route de l'immunothérapie : d'un individu à l'autre, les protéines qui s'expriment à la surface des cellules cancéreuses ne sont pas les mêmes. Aussi, une molécule efficace chez un malade pourra être sans effet chez de nombreux autres. Par ailleurs, les tumeurs sont parfois hétérogènes, toutes les cellules qui la composent n'étant pas forcément issues d'une même lignée.(1)
L'enjeu de l'immunothérapie se joue donc désormais au niveau d'analyses cellulaires longues et fastidieuses. Il s'agit déterminer quels marqueurs, à la surface des tumeurs, permettent de prédire quels patients pourront réagir le mieux à telle ou telle combinaison de molécule. Le 29 mai, des chercheurs ont annoncé, à l’ASCO, avoir identifié le premier marqueur génétique permettant de prédire l'efficacité de l'anticorps pembrolizumab.
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(1) Toutefois, lorsque les premières cellules sont détruites, la libération de certaines protéines spécifiques des cellules cancéreuses déclenche parfois, localement, des réactions immunitaires qui aident à faire régresser la tumeur.
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