Des niveaux préoccupants de métaux lourds détectés dans des cours d’école autour de l’incinérateur d'Ivry dans le Val-de-Marne

L’incinérateur d’Ivry est le plus gros incinérateur d'ordures ménagères d'Europe.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Vue de la cheminée du centre d'incinération d'Ivry-sur-Seine, le 7 février 2022. (MAXPPP)
Vue de la cheminée du centre d'incinération d'Ivry-sur-Seine, le 7 février 2022. (MAXPPP)

Des taux élevés de dioxines et de métaux lourds ont été détectés dans les sols autour de l’incinérateur d’Ivry, dans le Val-de-Marne, et notamment dans des cours d’école, d'après une nouvelle étude, rapporte, mercredi 2 avril, France Inter. L’incinérateur d’Ivry est le plus gros incinérateur d'ordures ménagères d'Europe. Ces analyses ont été effectuées par un organisme indépendant néerlandais ToxicoWatch qui mène une vaste étude sur les gros incinérateurs d'Europe depuis plusieurs années.

Ces chercheurs néerlandais ont fait des prélèvements en octobre 2024 et en février 2025 autour de l’incinérateur. Ils ont collecté des échantillons de mousse car ce végétal est comme une éponge à polluants atmosphériques. Et les niveaux de métaux lourds détectés (plomb, aluminium, arsenic) sont préoccupants.

Des concentrations d'arsenic et de dioxine supérieures aux valeurs limites européennes

"On a pris des échantillons de mousse dans le cimetière d’Ivry et on les a comparés avec ceux prélevés dans les cours d’école, explique Abel Arkenbout, le toxicologue qui mène cette étude. On a trouvé des niveaux élevés de métaux lourds, par exemple pour l’arsenic, qui est un élément très toxique. On a trouvé parfois des niveaux 300 fois supérieurs dans les mousses des écoles". Les prélèvements de mousse montrent aussi des concentrations de dioxine supérieures aux valeurs limites européennes pour la sécurité alimentaire.

Pour le collectif 3R qui milite contre l’incinérateur depuis des années, il est clair que l’incinérateur est à l’origine de cette pollution. De son côté, le Syctom, syndicat des ordures ménagères, assure à France Inter être "soumis à une réglementation stricte de ses rejets, dont les dioxines et respecte scrupuleusement les règles qui lui sont fixées à la fois dans la surveillance qui y est appliquée et dans le respect des valeurs limites à respecter". Il renvoie à un rapport de l’Agence régionale de santé publié en 2023. Ce rapport établit en substance qu’il n’y a pas de différence significative entre la pollution des sols près des incinérateurs et les sites plus éloignés.

Quant au chercheur néerlandais de ToxicoWatch, Abel Arkenbout, ce dernier estime qu’il y a "présomption". Les incinérateurs peuvent émettre des dioxines et des métaux lourds mais pour faire un lien scientifiquement établi entre la pollution détectée dans les mousses et l’incinérateur d’Ivry, il faut maintenant, d'après lui, étudier ce qui sort exactement des cheminées.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.