Tabac : quelle méthode pour arrêter ? Portraits de trois femmes dans leur parcours pour tourner le dos à la cigarette
Trois femmes ont accepté de témoigner auprès de France Télévisions sur leur parcours pour arrêter de fumer. Elles ont testé trois méthodes différentes, et se sont donné trois mois pour y arriver. Retour sur leur expérience.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Comment faire pour se passer de ce geste commun à tant de Français et ne plus fumer ? Nous avons choisi de suivre trois femmes qui ont opté pour trois méthodes différentes. La première, c'est Mégane Boulard, 30 ans, dont 15 ans comme fumeuse. "Je dirais que je fume à peu près entre 12 et 14 cigarettes par jour", confie-t-elle. Et ce n'est pas faute d'avoir tenté d'arrêter : "J'ai déjà essayé à plusieurs reprises et, malheureusement, cela n'a jamais fonctionné".
Mégane a commencé un travail avec un tabacologue pour prendre conscience de sa dépendance. "J'ai un petit carnet. Chaque jour, quand je prends une cigarette, je dois noter si c'est lié à une situation ou à une émotion. Noter l'heure, ça aide vraiment de l'avoir sous les yeux et de se dire que, en effet, ce n'est même pas de l'envie, en fait, c'est vraiment de l'automatisme", explique-t-elle.
La thérapie comportementale et cognitive
Sa thérapie consiste à remplacer ses automatismes par un rejet conscient de la cigarette. Cela s'appelle une thérapie comportementale et cognitive, une TCC. Ce jour-là, elle a son troisième et dernier rendez-vous avec un spécialiste pour, cette fois, arrêter les cigarettes. "En fait, je me suis rendu compte qu'elles ne m'apportaient rien", constate la jeune femme auprès de Bernard Antoine, addictologue et tabacologue.
Le spécialiste lui propose alors des stratégies pour résister aux envies de fumer : "Je vous avais aussi parlé du brossage des dents. Je ne sais pas si vous vous en souvenez. Ça peut être pas mal, c'est une dissociation salivaire", lui indique-t-il par exemple. "Mon job consiste à aider les fumeurs à se libérer des pensées erronées, à être habités par la conviction que fumer ne sert à rien. Les patients ne sont pas libérés de leur addiction tout de suite. Ils sont prêts à être libérés. En fait, un fumeur doit réapprendre à vivre sans fumer", explique Bernard Antoine.
Coût des trois séances : 480 euros. Cette thérapie est reconnue par la Haute Autorité de santé pour son efficacité chez certains patients. Après ce geste, Mégane ne devra plus fumer.
L'hypnose
Une autre thérapie non médicale connaît un certain succès : l'hypnose. C'est la méthode choisie par Muriel Baron. Elle avait arrêté de fumer pendant 15 ans, et elle a repris au moment du Covid. "Je sens que ça dérape", confie-t-elle, précisant fumer "un paquet, à peu près" par jour. "C'est une espèce de réflexe. Mais voilà, aujourd'hui, il faut que ça s'arrête", assure Muriel, déterminée.
Jean Doridot, hypnothérapeute, mène la séance : "L'hypnose fonctionne par images. Quand vous dites 'cigarette', si la première image qui lui vient à l'esprit, c'est un cendrier froid, plein de mégots infects, avec une odeur de tabac froid répugnante, c'est là le côté presque magique de la chose. Il n'y a plus vraiment d'efforts à faire. Parce que la personne, sincèrement, va vous dire, 'finalement, ça ne me dit plus rien'", explique-t-il.
Faute de recherche à long terme, l'efficacité de l'hypnose n'est pas prouvée scientifiquement. Elle n'est donc pas remboursée par la Sécurité sociale. Mais elle peut fonctionner pour certains patients. Muriel Baron a déboursé 350 euros, et elle sent qu'il s'est passé quelque chose. "Muriel, avez-vous envie d'une cigarette ?", lui demande Jean Doridot à son réveil. Souriante, elle répond par la négative : "J'espère que ça va marcher. Là, je suis un peu zen, mais bon, on verra. Je croise les doigts", réagit-elle.
Une prise en charge à l'hôpital
Notre troisième témoin, Marina Glorieux, a préféré se tourner vers l'hôpital. À la différence des deux autres méthodes, cette consultation est remboursée par la Sécurité sociale. "J'ai besoin d'être accompagnée pour le faire correctement, en diminuant petit à petit et que ce soit définitif", explique la jeune femme. Avant toute chose, l'infirmière tabacologue l'aide à formuler ses besoins et ses objectifs, puis elle lui prescrit des pastilles à acheter en pharmacie.
"L'intérêt, c'est d'avoir un apport en nicotine à un moment donné. Ça peut, sur le moment, vous soulager, vous apporter de la nicotine", lui indique-t-elle. "C'est très difficile de s'arrêter sans rien. C'est compliqué aussi parce que cela peut déclencher le sevrage tabagique, de l'angoisse, de l'anxiété, de l'agacement. Et donc, l'utilisation des substituts nicotiniques permet de réduire tous ces symptômes", souligne Julie Marty, infirmière tabacologue au Centre hospitalier des quatre villes Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). En plus des gommes, Marina Glorieux est autorisée à utiliser une cigarette électronique si elle en ressent le besoin.
Un pari tenu et une confiance en soi retrouvée
Trois mois plus tard, nous les avons réunies. Toutes ont réussi. Fini le tabac. Même si les premiers jours de sevrage n'étaient pas évidents : "En fait, j'ai quand même compensé pas mal par la nourriture", confie Muriel. "Il y a une vague assez violente la première semaine. Pour gérer ces émotions, c'est beaucoup plus compliqué. Je me sentais beaucoup plus tendue, beaucoup plus sur les nerfs et j'ai eu la chance d'être pas mal entourée. Je pense que ça m'a aidée", résume pour sa part Mégane.
Aujourd'hui, elles vont mieux, et pas seulement physiquement. "Moi, je me sens libre. Je me sens plus libre", assure Muriel. "On est super fières de nous. Et ça nous redonne un peu de confiance. Je suis capable de ça, donc je suis capable de plein de choses en fait", ajoute Marina. Une confiance précieuse pour tenir dans la durée, pour que la cigarette ne soit plus qu'un lointain souvenir.
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