Salle de consommation à moindre risque : bilan un an après l'ouverture
DROGUES – Le 17 octobre 2016 ouvrait près de la gare du Nord, à Paris, la première salle de consommation à moindre risque (SCMR, parfois surnommée "salle de shoot") de France.
Un an après l’ouverture de la première SCMR – parfois désignée dans les médias par l’expression péjorative "salle de shoot" – une moyenne de165 actes quotidiens de consommation ont été comptabilisés, soit 53.582 consommations en un an (dont 38.058 injections).
Selon l'association Gaïa qui gère la salle, 800 toxicomanes se sont inscrits comme utilisateurs de la salle, mais cette inscription n'est pas obligatoire.
La première substance consommée est le Skenan, un puissant antidouleur à base de morphine, loin devant l'héroïne (seulement 1% des actes).
Les consommations se font toujours sous la supervision d'un soignant. Pour cette raison, aucune overdose mortelle n'est survenue. En moyenne, un passage toutes les trois semaines nécessite une intervention de l'équipe de réanimation ou des urgences de l'hôpital Lariboisière, auquel la salle est adossée.
Dépister pour mieux prendre en charge
La fréquentation de la salle a permis de réaliser 123 dépistages de maladies infectieuses (VIH, hépatites). Selon le ministère de la Santé, plus de 10% des usagers de drogue par injection ou inhalation en France étaient infectés par le virus du sida en 2011, et plus de 40% par celui de l'hépatite C. Au total, 827 consultations sanitaires ont été réalisées par les médecins ou les infirmiers de Gaïa. 324 usagers ont été reçus pour des entretiens sociaux, portant notamment sur des questions administratives, de logement ou de problèmes avec la justice.
À l'extérieur de la salle, l'équipe de Gaïa a mené 200 maraudes de médiation sociale depuis l'ouverture. Le comité de voisinage, mis en place pour répondre notamment aux préoccupations des riverains, s'est réuni sept fois.
Les forces de police, présentes quotidiennement dans le secteur, ont contrôlé 4.303 personnes au total, selon la mairie. Parmi elles, 1.098 détenaient des produits stupéfiants pour leur consommation personnelle dans les limites fixées par le procureur de la République. Pour les autres, 1.453 étaient en infraction, dont 1.185 avec la législation sur les stupéfiants.
Troubles de la tranquillité publique
Selon le maire du Xe arrondissement Rémi Féraud, "un an après, la salle a démontré toute son utilité puisqu'elle accueille plus de 150 usagers chaque jour. Mais les progrès en terme de tranquillité publique dans le quartier ne sont pas assez visibles". Les oppositions des riverains restent encore vives.
En février, une bagarre entre des usagers a entraîné une fermeture temporaire de la salle, sans toutefois entraîner de perturbation sur la voie publique, précise la mairie de Paris. "On reçoit une population qui est très dégradée et présente de multiples problèmes de santé, d'hébergement ou avec la justice", explique la directrice de la SCMR, Élisabeth Avril. "Ce genre d'incidents n'est pas rare dans les lieux qui accueillent ce type de public", dédramatise-t-elle. Selon l'association Gaïa, 52% des usagers de la salle ont un logement précaire et 43% sont sans revenus.
"Ce qui est vraiment à déplorer, c'est qu'il reste des gens dans la rue qui n'ont pas accès au dispositif", estime Mme Avril. Selon elle, il faudrait ouvrir d'autres salles de consommation en Ile-de-France et ailleurs. "Si on compare à d'autres pays européens, la France est très en retard", souligne-t-elle. La première SCMR a ouvert en 1986 en Suisse. Il existe aujourd'hui 95 salles dans le monde dans dix pays. En France, Strasbourg a suivi Paris avec l'ouverture d'une seconde salle à destination des usagers français et allemands, le 7 novembre 2016.
avec AFP
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