Médecine physique et de réadaptation : une spécialité méconnue
Médecins rééducateurs, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes : la médecine physique et de réadaptation fait appel à de nombreux professionnels pour offrir une prise en charge multidisciplinaire et optimale du handicap.
Qu'est-ce que la médecine physique et la réadaptation ?
Mal connue, cette spécialité joue pourtant un rôle de premier plan en cas de handicap. La médecine physique et de réadaptation s'occupe de toutes les affections qui compromettent la mobilité, parce qu'elles concernent la commande nerveuse (comme la sclérose en plaques) ou les gestes eux-mêmes (maladies des muscles, des tendons et des articulations). Elle prend en charge une gamme très variée de maladies : hernie discale, lombalgies, canal lombaire étroit, scoliose, polyarthrite rhumatoïde, lupus, déficits provoqués par un accident ou faisant suite à une chirurgie... Pour ce faire, elle nécessite une prise en charge multidisciplinaire et associe des médecins à des professionnels de santé paramédicaux, comme la kinésithérapie, l'ergothérapie, l'orthophonie...
Apprendre à faire autrement ou mieux
Le but de la médecine physique est simple en théorie mais ardu dans les faits: il s'agit d'apprendre aux patients à mieux vivre avec leur handicap et leur perte d'autonomie. La parole du patient est particulièrement importante : "En consultation, nous prenons le temps d'interroger les patients et de comprendre ce qui les gênent dans leur vie quotidienne, explique le Pr Jacquin-Courtois, médecin de médecine physique et de réadaptation." Les professionnels évaluent ensuite précisément les limitations d'activité et en quoi elles impactent la participation du sujet dans son insertion, familiale, sociale, professionnelle.
"Ensuite, selon les limitations engendrées, nous proposons un travail de reconditionnement à l'effort en cas de fatigabilité, des aides techniques pour faciliter les déplacements ou éplucher des légumes, reprend la spécialiste. C'est soit faire autrement soit utiliser des aides techniques pour faire mieux ou plus facilement."
Comme le souligne le Pr Jacquin-Courtois, ce raisonnement est applicable à toutes les déficiences, qu'il s'agisse de difficultés de déplacement, de manipulation d'objets, de troubles urinaires et anaux, ou même des troubles cognitifs. L'essentiel est de bien comprendre comment le patient est gêné et pouvoir être force de propositions pertinentes, dans une prise en charge la plus complète possible. Celle-ci fera appel à la rééducation et la réadaptation, à l'activité physique adaptée au handicap, mais aussi à des outils plus modernes, tels que la réalité virtuelle et la robotique.
L'innovation technologique au service du handicap
Alors qu'une rééducation est très souvent rébarbative, l'innovation technologique diversifie les moyens de rééduquer le handicap et les rend plus ludiques. Par exemple, la Wii est un outil différent et déjà utilisé en pratique courante, dans la prise en charge des troubles moteurs et de l'équilibre.
Selon le Pr Jacquemin-Courtois, les objets connectés sont intéressants quand les médecins veulent contrôler le niveau d'activité physique des patients par exemple, avec un feed-back régulier. Il peut s'agir d'un bracelet connecté de suivi du nombre de pas ou de la dépense calorimétrique. Pour être efficace, cet outil supplémentaire doit rentrer dans le cadre d'un accompagnement. En effet, plusieurs publications ont démontré l'inefficacité de ces technologies quand elles sont utilisés seules, comme dans la perte de poids[1], ou dans l'activité physique[2]. Elles sont particulièrement intéressantes en éducation thérapeutique du patient puisqu'elles rendent le patient plus acteur de sa maladie.
La rééducation virtuelle, elle, offre aux patients la possibilité de progresser à domicile. Ce mode de prise en charge se développera de plus en plus car le patient gagne en autonomie. "L'idée est de pouvoir mettre les patients dans des situations les plus proches de la vie réelle, en maîtrisant certains paramètres pour que le patient soit en toute sécurité, détaille le médecin. Par exemple, dans le cadre d'un déplacement dans la rue, nous pourrons voir comment le patient explore une scène visuelle et prend toutes les informations en compte." Pour le moment, cette rééducation virtuelle reste du domaine de la recherche.
Les exosquelettes sont des squelettes externes, qui supportent le ou les membres d'un patient et répondent à sa volonté. Leur niveau d'assistance peut être plus ou moins modulé selon la force du patient. Les recherches tentent d'évaluer leurs bénéfices sur la rééducation, mais également leur impact sur certaines fonctions cardio-vasculaires, urinaires et digestives.
"Là encore, ce ne sera pas une baguette magique mais ils offriront un élargissement des techniques de rééducation", commente-t-elle.
Les interfaces hommes-machines représentent un défi colossal : elles sont capables de rendre une partie de la motricité d'un membre. Une interface est un système de liaison entre un cerveau et un ordinateur, qui va permettre à l'individu de réaliser un mouvement sans mettre en jeu les nerfs et les muscles. "Ils sont utilisés chez des patients qui ont des modes de communication dégradés du fait de lésions cérébrales, estime le Pr Jacquin-Courtois. Ils restent du domaine de la recherche."
[1] Jakicic JM, Davis KK, Rogers RJ et al. Effect of Wearable Technology Combined With a Lifestyle Intervention on Long-term Weight LossThe IDEA Randomized Clinical Trial. JAMA. 2016;316(11):1161-1171. doi:10.1001/jama.2016.12858
[2] Finkelstein et al. Effectiveness of activity trackers with and without incentives to increase physical activity (TRIPPA): a randomised controlled trial. Lancet Diabetes Endocrinol.04/10/2016. http://dx.doi.org/10.1016/S2213-8587(16)30284-4
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