Dans les coulisses des hôpitaux de Paris : "Ce n'est pas parce qu'on s'occupe de morts qu'on doit avoir une tête d'enterrement"
A titre exceptionnel, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris ouvre ses portes au public samedi. C'est l'occasion de découvrir les coulisses d'une vingtaine d'établissements de la région Ile-de-France. Franceinfo a visité la chambre mortuaire de l'hôpital Bichat.
A titre exceptionnel, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ouvre ses portes au public samedi 20 mai. C'est l'occasion de découvrir les coulisses d'une vingtaine d'établissements de la région Ile-de-France. Il est possible par exemple d'explorer une carrière souterraine sous l'hôpital Cochin, de découvrir un bloc opératoire dernière génération ou de comprendre le fonctionnement du Centre d'études et de conservation du sperme, des ovocytes et des embryons. Plus insolite encore, l'hôpital Bichat, dans le 18e arrondissement de Paris, ouvre les portes de sa chambre mortuaire. Franceinfo a fait la visite.
Niveau -2. Nous empruntons un long couloir. C'est un endroit que personne ne voit et que personne ne visite en temps normal de son vivant. C'est la chambre mortuaire de l'hôpital Bichat. "On se dit que c'est un endroit où, dès qu'on va pousser la porte, on va voir des tas de morts. Mais c'est pas du tout ça", assure Yannick Tolilla Huet, responsable du service. "On a des salons d'accueil, on a une équipe qui y travaille et c'est pas parce qu'on s'occupe de morts qu'on doit avoir une tête d'enterrement. On fait juste un travail que les gens méconnaissent, c'est tout", poursuit-elle.
Aux petits soins pour les défunts
Chaque année, la chambre mortuaire accueille 1 400 brancards, 1 400 corps qui franchissent les portes de ce service de soins d'une capacité de 24 places numérotées mais qui peut accueillir jusqu'à 40 patients. Nous poussons la double-porte de la salle de préparation des corps. Le long du couloir, cinq cercueils de bois clair, sur des brancards plusieurs corps et, plus inattendu, un "joyeux brouhaha", comme le qualifie Yannick Tolilla Huet. Car ici on travaille en musique. "Ça n'a aucune incidence sur le travail de l'équipe, au contraire", assure la chef de la chambre mortuaire.
Sophie, 37 ans, est en train de s'occuper d'un patient, un homme de 80 ans décédé le 14 mai. "On vient de procéder à l'habillage de ce monsieur qui part demain et là je suis en train de procéder à un maquillage", explique-t-elle. A la demande de la veuve du défunt, elle lui a également rasé la moustache. "C'est à nous de donner à la personne, pas le visage qu'elle avait parce qu'on ne peut pas faire de la magie, mais au moins l'image qui lui ressemble le plus", nous dit-elle.
A l'écoute des proches et de leur douleur aussi
Le personnel, trois femmes, deux hommes, préparent les patients décédés à la veille de leurs funérailles en suivant les volontés de leurs proches. Et certaines demandes sont parfois surprenantes. "J'ai quand même été obligée de mettre tout un costume tout neuf du PSG à un patient, le dernier maillot Ibrahimovic. Tout ça pour une crémation dans son super costume du PSG", raconte Yannick Tolilla Huet.
Les proches des patients décédés sont reçus dans un petit salon et ces rencontres ne sont pas toujours faciles, reconnaît Jean-Paul qui travaille depuis 21 ans aux côtés des défunts. "J'ai eu un cas d'une jeune maman décédée. J'étais devant elle et sa petite fille lui a dit : 'Viens, on va prendre un petit déjeuner ensemble maman'. Je ne m'en suis pas remis. Je suis sorti, je me suis mis à pleurer et mon responsable m'a dit de rentrer chez moi. J'ai craqué", confie-t-il.
Si on n'a pas une vie équilibrée à côté, on ne peut pas travailler ici.
Jean-Paul, depuis 21 ans au service des défuntsà franceinfo
La loi impose normalement aux proches de récupérer le corps de leur défunt dans les six jours mais certains corps, qui ne sont pas déclarés, restent parfois jusqu'à deux mois dans la salle réfrigérée de la chambre mortuaire.
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