: Reportage Hôpital : un cardiologue a entamé un tour de France pour que les soignants ne se retrouvent plus "seuls dans la cage d'escalier, en train de pleurer" après la mort d'un patient
Six décès sur dix se produisent à l'hôpital. Pour y faire face, le professeur Damy milite pour que les soignants soient formés pendant leurs études.
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Il a pris son bâton de pèlerin pour s'attaquer à un tabou : l'impact de la mort sur les soignants. Le Pr Thibault Damy, cardiologue au CHU Henri Mondor, de l'AP-HP, à Créteil, durement marqué par plusieurs décès de patients, a décidé de briser l'omerta et parcourir 800 km en marchant pour cette cause.
Le médecin est parti de la région parisienne dimanche 30 mars, et fait étape jeudi 3 avril à l'hôpital de Chartres pour animer une conférence. Sur les vidéos qu'il poste sur les réseaux sociaux depuis son départ, on voit le Pr Damy avec ses chaussures de marche et son sac à dos. Il part à la rencontre de ses confrères pour leur parler de la mort. "Pour qu'ensemble, famille, patients et soignants, on puisse mieux appréhender la fin de vie et la mort", explique-t-il. "Ce que je vais dire à ces soignants, c'est que, personnellement, j'ai vécu ça, je m'occupe d'une maladie qu'est l'amylose, je suis cardiologue, je n'ai pas été formé à la mort, et j'y ai été confronté régulièrement."
"J'ai fait quatre ans de psychothérapie et j'ai pu réaliser à quel point certaines morts de mes patients m'avaient impacté personnellement".
Pr Damyà franceinfo
Quand il parle de la mort de ses patients, ce cardiologue chevronné a souvent les larmes aux yeux. Comme la plupart des soignants, il n'est pas préparé et cela a des conséquences sur les équipes : burn-out, dépressions, arrêt maladie, parfois il y a même des conflits sur la conduite à tenir quand un patient se dégrade. "La principale émotion chez un soignant quand un patient décède, c'est la culpabilité. On se demande ce qu'on aurait pu faire de mieux. On va avoir tendance à faire des actes et des interventions futiles, alors que tout le monde sait que le patient va décéder, simplement pour dire qu'on fait quelque chose".
Former les professionnels
Pour être capable d'encaisser la mort d'un patient, il faut d'abord pouvoir en parler, estime-t-il. "La première chose en effet, c'est prendre le temps du débriefing. Mais que se passe-t-il actuellement ? Les soignants continuent leurs activités comme si de rien n'était alors que la vie est partie, parfois d'un patient qu'on a beaucoup aimé, et ils se retrouvent seuls dans leur bureau ou la cage d'escalier en train de pleurer".
Des soignants qui, faute de formation et d'outils, n'arrivent pas non plus à annoncer à la famille et au patient qu'il va mourir. Là encore, cela a des conséquences sur la prise en charge du malade.
"Si on n’annonce pas le pronostic à un patient, on ne va pas pouvoir le préparer et l'aider."
Pr Damyà franceinfo
"Ce qu'il se passe en pratique, c'est que le patient va arriver à l'hôpital en situation d'agonie. Les soins palliatifs ce n'est pas ça, c'est l'accompagnement de quelqu'un, le préparer à son départ, qu'il puisse dire au revoir à sa famille et qu'il puisse vivre ses derniers instants en qualité". Le Pr Thibault Damy et son association Les survivants défendent donc l'idée d'une formation sur la mort au cours des études de tous les professionnels de santé.
En attendant, le Pr Damy fera notamment étape le 9 avril à l'hôpital et l'Epadh de Vendôme, le 14 avril au CHU et l'université de Tours ou encore le 12 mai au CHU Rangueil de Toulouse.
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