Reportage Une simulation d'attentat à l'Académie de l'OMS à Lyon, pour mieux former les soignants à des afflux massifs de patients

Dans un hôpital reconstitué au sein des locaux de l'Académie, des blessés arrivent sans arrêt après un attentat. Des soignants sont mis en situation avec de fausses victimes jouées par des comédiens. L'OMS vise à former plusieurs milliers de professionnels de santé du monde entier à la gestion de crise, mais aussi à la santé mentale.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des soignantes s'occupent d'une victime, jouée par une actrice (étudiante ou membre de l'Académie), lors d'une simulation d'attentat, dans les locaux de l’Académie de l’OMS à Lyon (Rhône), en octobre 2025. (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Des soignantes s'occupent d'une victime, jouée par une actrice (étudiante ou membre de l'Académie), lors d'une simulation d'attentat, dans les locaux de l’Académie de l’OMS à Lyon (Rhône), en octobre 2025. (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

L'Organisation mondiale de la Santé, dont le siège est à Genève, possède également depuis plusieurs mois une antenne en France. Encore très peu connue, elle n'a jusqu'à présent que rarement ouvert ses portes aux médias. Cette Académie de l'OMS, dans un bâtiment flambant neuf du quartier de Gerland à Lyon (Rhône), est dédiée à la formation continue de professionnels de santé du monde entier. Franceinfo a pu suivre cette semaine une de ces formations : une simulation d’attentat, avec des soignants belges et français. 

Voici le scénario du jour : des hommes armés ont tiré sur une foule et ont ensuite fait exploser leur ceinture explosive. Dans cet hôpital reconstitué, des blessés arrivent sans arrêt. Les stagiaires, lors des dernières formations, étaient des soignants du Cameroun et de Libye, cette fois ils viennent des hôpitaux d’Annecy, en France, et Liège, en Belgique.

Les victimes, tartinées de faux sang, sont jouées par des étudiants en médecine et des personnels de l'Académie de l'OMS. Et ils prennent leur rôle de victimes très au sérieux. "Le but, c'est quand même de mettre un stress de façon à ce qu'ils perdent un peu leurs moyens, et justement de voir leurs réactions", raconte l'une des animatrices. Quand il y a des soignants un peu trop calmes, on va les chercher." Une soignante s'occupe d'une femme victime : "Calmez votre respiration, lance une soignante. Je vous ai refait de la morphine, ça va agir rapidement." 

Des soignantes s'occupent de victimes, qui sont des acteurs et actrices joués par des étudiants en médecine ou des employés de l’Académie de l'OMS, lors d'une simulation d'attentat, dans les locaux de l’Académie à Lyon (Rhône), en octobre 2025. Le sang et les blessures sont du maquillage. (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Des soignantes s'occupent de victimes, qui sont des acteurs et actrices joués par des étudiants en médecine ou des employés de l’Académie de l'OMS, lors d'une simulation d'attentat, dans les locaux de l’Académie à Lyon (Rhône), en octobre 2025. Le sang et les blessures sont du maquillage. (SOLENNE LE HEN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Une femme semble dormir sur un brancard. "Non, je suis au bout de ma vie, répond-elle. Je suis trop fatiguée avec l'hypotension, donc je n'arrive plus à gueuler. J'ai une plaie transfixiante abdominale, thoracique, on ne sait pas trop." Face à ce flux continu de blessés, les stagiaires soignants sont soumis à un stress intense. "Ça crie partout, tout le monde a mal, tout le monde dit qu'il va mourir, que sa sœur va mourir, c'est horrible !", lance-t-elle en riant.

Un afflux massif de blessés "peut arriver à n'importe quel moment"

Au-dessus de la salle de simulation, depuis une passerelle, Florentina Rafael, la responsable des formations, observe. "Je ne sais pas si vous voyez, il y a des formateurs qui sont là et qui prennent des notes, ils ont un gilet", décrit-elle. "L'afflux massif de patients peut arriver à n'importe quel moment, ça peut être un accident de la route avec un convoi important, ça peut être un problème sanitaire, poursuit Florentina Rafael. L'idée ici, ce n'est pas tant le scénario, c'est vraiment l'afflux massif des patients et comment on va y répondre."

"Nous dispensons cette formation aussi dans d'autres pays, par exemple en Ukraine. Là, les conditions sont différentes, les formations se font dans des bunkers à cause de la guerre, le scénario est différent puisqu'il est adapté à la situation."

Florentina Rafael, responsable des formations

à franceinfo

Fin de l’exercice. Les stagiaires, comme Manuelle Coupet, soufflent enfin, avant le débriefing. Elle n'est pas urgentiste, mais directrice adjointe de l'hôpital d’Annecy. "C'était super bien fait, tellement réaliste. C'est très intéressant comme exercice, je pense qu'on est beaucoup mieux préparés après, même si on ne l'est jamais vraiment. Franchement, bravo à l'OMS pour l'organisation !", conclut-elle.

L'objectif de cette Académie de l'OMS est de former chaque année plusieurs milliers de professionnels de santé du monde entier à la gestion de crise, mais aussi à la santé mentale, à la télémédecine ou encore à des gestes médicaux techniques, tout cela selon les recommandations internationales. Et les former ici, à Lyon, ou à distance.

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