: Témoignages "Des patients mouraient sur les brancards" : aux urgences de l'hôpital d'Orléans, le cri de détresse des soignants en grève
Alors que l'ensemble du personnel paramédical est en arrêt maladie depuis plus de deux semaines, les médecins urgentistes sont entrés en grève en fin de semaine dernière. Résultat : seules les urgences vitales sont traitées.
Dans le couloir des urgences de l'hôpital d'Orléans, dans le Loiret, le calme règne depuis plusieurs jours. Rien à voir avec l'ambiance habituelle. "Il faut imaginer des brancards tout le long du mur, parfois à droite et à gauche, raconte le docteur Mathieu Leroy, médecin urgentiste. On peut à peine circuler, il y a du bruit, les gens appellent... Et là, c'est vide."
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Avant d'être presque entièrement fermées faute de personnel, les urgences sont arrivées à saturation complète. Le plan blanc a été déclenché. Il fallait jusqu'à trois à quatre jours d'attente sur des brancard avant d'être hospitalisé dans les services, ce qui met en danger les patients. "Dans les études, il est démontré que lorsque quelqu'un reste sur un brancard pendant des jours, son état clinique s'aggrave de manière automatique", poursuit le médecin urgentiste. Et c'est bien cette situation qui a fait craquer les infirmières et paramédicaux. "Ça créé une charge mentale énorme pour nos soignants, explique Aline Cassonet, cadre de santé.
"Ils ont le sentiment de ne pas bien faire leur travail, d'être inhumains, de faire de la maltraitance."
Aline Cassonet, cadre de santéà franceinfo
Les soignants "viennent déjà travailler avec la boule au ventre, et puis ils repartent encore plus avec la boule au ventre, en pleurant même", déplore Aline Cassonet. "On en arrive à des conditions où elles ont peut-être 20, 25 patients dans leur secteur alors que dans un service d'hospitalisation, le quota, c'est une infirmière pour dix patients."
Une prise en charge loin d'être satisfaisante
Ce constat, le directeur général de l'hôpital, Olivier Boyer, le partage. Lui aussi est lucide sur la crise que traversent les urgences. "On ne prend pas bien en charge les gens, c'est clair, reconnaît le directeur. Il y a des soignants qui m'ont raconté que des patients mouraient sur les brancards, pas nécessairement parce qu'ils n'ont pas été pris en charge."
"Souvent, la fin de vie se passe à l'hôpital et c'est vrai qu'elle ne se passe pas dans des conditions dignes."
Olivier Boyer, directeur général de l'hôpitalà franceinfo
Olivier Boyer explique cette dégradation par la pandémie de Covid-19 et les problèmes de recrutements qui en découlent. "La crise du Covid-19 a été un accélérateur de la difficulté, justifie-t-il. Comme on n'a pas suffisamment d'infirmières – il nous manque 90 infirmières – on a 150 lits sur les un peu plus de 1 000 lits de courts séjours qui sont fermés. Et donc, avec 150 lits fermés, toute la latitude qu'on a pour hospitaliser les gens le plus rapidement possible, elle tombe par terre."
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Des négociations sont en cours avec l'Agence régionale de santé (ARS) pour un protocole de sortie de crise : le but est de ne plus dépasser 48 patients pris en charge aux urgences. En attendant, seules les urgences absolues sont amenées à l'hopital d'Orléans par le Samu.
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