L’ambroisie, l’ennemie silencieuse de l’été en France

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Article rédigé par France 2 - A. Sylvain, M. Nimsgern, N. Lachaud. Édité par l'agence 6Medias
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À deux pas de Valence (Drôme), l’ambroisie envahit champs et jardins. Trois millions et demi de Français souffrent de cette plante invasive, dopée par le changement climatique, qui transforme l’été en véritable enfer pour les habitants de la région.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


À deux pas de Valence (Drôme), c’est au bord des champs que Valérie aime se balader. Mais pour elle, impossible de sortir sans masque. Sa pire ennemie ? L’ambroisie, une mauvaise herbe très allergisante, venue d’Amérique, qui a envahi les cultures de la région, y compris à côté de chez elle.

Un milliard de grains de pollen par plante : un véritable enfer pour cette allergique, tous les ans, de juillet à septembre. "Il y a des gens comme moi, de plus en plus de gens comme moi, qui sont malades, mais malades vraiment", explique-t-elle.

En France, trois millions et demi de personnes souffrent de cette allergie. La seule solution pour Valérie est de rester chez elle autant que possible. Entre deux mouchages, sa liste de médicaments s’allonge sans jamais vraiment la soulager. "Au niveau de l’asthme, on ne peut plus respirer. Après, ça gratte partout. Là, on a envie de s’arracher la gorge. C’est perturbant d’en avoir tous les jours. Ça s’aggrave d’année en année, avec des étés de plus en plus chauds", confie-t-elle, à bout de solution.

Un champ sous haute tension

Nous nous rendons dans le champ envahi par l’ambroisie pour rencontrer son propriétaire, un maraîcher. Normalement responsable de limiter la prolifération de la plante, il reconnaît que ce n’est pas sa priorité : "Ça prend du temps, de l’argent. C’est très dur de ne pas se faire surprendre. C’est une plante très résistante. Il faut savoir la gérer, anticiper, ce qui n’est pas toujours évident."

Introduite en Auvergne-Rhône-Alpes il y a plus de 100 ans, l’ambroisie a colonisé le centre et le sud de la France, remontant peu à peu vers le nord. La prévention consiste à broyer la plante après la récolte ou, mieux encore, à l’arracher.

Les bénévoles en première ligne

À La Loupie (Drôme), Jean-Pierre Sauvadon, président de Stop Ambroisie Auvergne-Rhône-Alpes, et son équipe de bénévoles parcourent la campagne pour arracher la plante. Mais ils se sentent abandonnés. "Les personnes responsables de la prolifération de l’ambroisie, c’est-à-dire les agriculteurs, mais surtout les collectivités : mairies, département, n’en font pas assez. Ça, ça me met hors de moi", explique-t-il.

Dopée par le changement climatique, l’ambroisie est devenue un sujet de tension dans la région. Yannick Albrand, maire de La Loupie et également agriculteur, se défend : "On met les moyens, puisqu’on contrôle, on regarde. Après, leur dire “zéro ambroisie sur ma commune”, je dirais non, ce n’est pas possible."

L’ambroisie coûte jusqu’à 186 millions d’euros par an en France, entre arrêts de travail, médicaments et hospitalisations. Une facture sanitaire qui ne cesse de croître avec la propagation de cette plante invasive.

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