Levothyrox : "Les troubles sont réels mais l’association avec le comprimé (nouvelle formule) est tout à fait abusive"
Pour le responsable du département de médecine interne à l’hôpital Lariboisière à Paris, Jean-François Bergmann, il n’y a "aucun élément dans les données ni dans les études qui laisse penser que la nouvelle formulation du Levothyrox soit moins bonne que la précédente".
Le juge des référés de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) a rejeté, mardi 26 décembre, la requête d’une quarantaine de patients souffrant des effets secondaires de la nouvelle formule du Lévothyrox. Les patients demandaient à la justice d’ordonner au laboratoire Merck de leur fournir l’ancienne formule du médicament.
Le professeur Jean-François Bergmann, responsable du département de médecine interne à l’hôpital Lariboisière à Paris, a estimé mardi sur franceinfo que "faire une association avec de vrais scandales et de vrais mauvais médicaments comme le Mediator est tout à fait abusive".
franceinfo : Selon vous, est-on en train d’inventer un scandale sanitaire avec le Levothyrox ?
Non, on n'invente pas du tout et je ne nie pas une seconde la souffrance de ces malades qui est très lourde. Il n'y a aucun argument scientifique, pharmacologique pour penser que le changement de formule, tout à fait mineur et accessoire, sur un excipient qui n’a aucune importance, puisse entraîner tous ces troubles. Ce n’est pas un scandale sanitaire, personne n’est mort, il n’y a pas eu de fraude, il n’y a pas eu d’escroquerie. Le laboratoire a juste fait ce qui lui a été demandé de faire. Il y a un scandale dans la souffrance, dans la mauvaise information, la mauvaise compréhension de cette tragique histoire, par son ampleur, mais pas par sa gravité pour les malades.
Si vous dites que les produits ne peuvent pas provoquer de tels symptômes, alors d’où viennent-ils ?
Ils sont liés au fait que c’est une pathologie sensible, dans le sens où les malades ont des fluctuations de leurs symptômes. Ils sont donc très sensibles à toute modification qui peut être amplifiée par une inquiétude, des réseaux sociaux ou un effet de contagion médiatique. Cette maladie est une maladie qui a des fluctuations. Si ces fluctuations apparaissent contemporainement d'un changement d'un excipient, on peut facilement faire l'association et dire : 'C'est l'excipient qui a entraîné ça'. Mais cet excipient, on le trouve dans des milliers de médicaments qu'on prend dans des milliers d'aliments et qui n'entraîne aucun des troubles décrits. Les troubles sont réels mais l’association avec le comprimé de Levothyrox est tout à fait abusive. Il n’y a aucun élément dans les données ni dans les études qui laissent penser que la nouvelle formulation soit moins bonne que la précédente.
Qu'est-ce que l'effet nocebo ?
L'effet nocebo, comme l'effet placebo, c'est l'effet en plus de l'activité pharmacologique d'un médicament qu'il peut avoir. Si je vous donne un médicament en vous disant des mots rassurants, même si le médicament ne contient rien d'actif, vous irez mieux. A l'inverse si je vous donne un médicament en vous disant 'attention, vous risquez d'avoir des effets indésirables', même s'il n'y a rien de pharmacologique dedans, vous risquez d'avoir ces effets indésirables qui sont induits par l'ambiance autour du médicament.
C'est pour cette raison que vous parlez de spirale collective totalement disproportionnée ?
Oui tout à fait, les choses ont commencé puis ont été relayées. Des malades se sont sentis en inquiétude, en insécurité, en manque d'information, en manque d'éléments pour les rassurer. Puis ils ont eu, comme les autres, comme ce qui était écrit dans le journal ou ce qui était lu sur internet, des symptômes qui restent subjectifs et qui n'entraînent pas de déficit de cette nouvelle formule. Faire une association avec de vrais scandales et de vrais mauvais médicaments comme le Mediator est tout à fait abusive.
Les patients vont-il voir leurs symptômes disparaître, mettant fin au scandale ?
Je l’espère, et je le pense très sincèrement. Ces effets vont se tasser dans le temps, qui sont remplacés par l’effet réel des médicaments. Le Levothyrox est un bon médicament, efficace pour les malades qui en ont besoin. Cette efficacité va triompher et les aléas vont se tasser. Les études et le temps vont rassurer les patients, les choses vont revenir dans l’ordre. Si nécessaire, on va refaire des études pour leur prouver ce qui est déjà prouvé à mon avis, c’est-à-dire que cette nouvelle formule est tout aussi efficace que la précédente.
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