Des kinés répondent à la Haute autorité de santé, qui recommande d'éviter la kinésithérapie pour soigner la bronchiolite
Dans ses dernières recommandations publiées jeudi, la Haute Autorité de santé déconseille le recours à la kinésithérapie respiratoire, pourtant largement prescrite pour soigner les bébés atteints de bronchiolite.
Faut-il continuer de prescrire de la kinésithérapie respiratoire pour soigner la bronchiolite ? Dans de nouvelles recommandations présentées jeudi 14 novembre, la Haute Autorité de santé (HAS) écarte cette pratique, pourtant largement prescrite en France pour soulager les nourrissons.
La bronchiolite est une affection respiratoire fréquente, qui touche 30% des bébés de moins de 2 ans chaque hiver, soit 480 000 cas par an, selon les estimations officielles. Causée par un virus, elle est très contagieuse, mais le plus souvent bénigne.
Selon ces directives, qui concernent uniquement les bébés de moins de 12 mois, la kiné respiratoire n'est pas recommandée, voire est contre-indiquée. En effet, la HAS souligne que les études n'ont pas apporté de preuve scientifique de l'efficacité de cette pratique contre la bronchiolite.
"Le kiné, c'est l'interlocuteur de premier recours"
Le débat sur la kiné respiratoire n'est pas nouveau. En 2012, la revue Prescrire avait jugé qu'elle n'était pas efficace contre la bronchiolite, ce qui avait provoqué les protestations des kinés. Contactés par franceinfo, des représentants de kinésithérapeutes défendent leurs pratiques. "Le rapport ne dit pas qu'il ne faut pas prescrire de soins de kiné. Le kiné, c'est l'interlocuteur de premier recours, celui qui va pouvoir voir l'enfant tous les jours, l'évaluer en permanence et éventuellement orienter vers les urgences", affirme Pascale Mathieu, présidente de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.
Elle rappelle que la kinésithérapie respiratoire ne se limite pas au désencombrement bronchique – non recommandé – et assure que les techniques contre-indiquées – le clapping et la vibration – ne sont plus pratiquées depuis des années. "Il ne faut pas cantonner la kiné respiratoire à des manœuvres de drainage bronchique, il y a le mouchage, l'auscultation, la surveillance et l'éducation des parents", appuie-t-elle.
Président de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs, Sébastien Guérard pointe le manque d'études sur le sujet. "Le mal dont souffre la kinésithérapie aujourd'hui, c'est l'absence d'études étayées", estime-t-il. Selon lui, la "plupart des études" sur lesquelles s'est appuyée la HAS concernent des nourrissons hospitalisés, en "phase hyper aiguë", et n'ont donc "rien à voir avec ce qui se pratique en cabinet". "On ne parle pas de la même maladie", assure-t-il. Lui constate au quotidien l'efficacité de ses soins : "L'enfant est soulagé, il respire mieux après la séance et se porte mieux. Ce n'est pas une technique agressive."
"Les données sont insuffisantes"
De fait, dans l'argumentaire scientifique qui accompagne ses recommandations, la HAS cite 12 études, dont deux seulement effectuées en milieu libéral. Si elle note "une tendance à l’amélioration du score clinique", elle estime que "les données sont insuffisantes pour cibler avec exactitude cette sous-population". Elle souligne donc "la nécessité de poursuivre la recherche et de mener des études permettant de mesurer l’impact de cette technique [appelée "augmentation du flux expiratoire"], en particulier sur le recours aux hospitalisations".
Le pédiatre Christophe Marguet, qui a participé au groupe de travail de la HAS, reconnaît au micro de franceinfo qu'"il nous manque des études en ambulatoire, pour les personnes qui ne viennent pas à l'hôpital et qui peuvent garder leur bébé à la maison. Dans la mesure où l'on n'a pas de données, on ne peut pas recommander la kinésithérapie respiratoire."
Les deux kinésithérapeutes que nous avons interrogés insistent enfin sur le rôle de leur profession pour éviter l'engorgement des urgences. "La kiné respiratoire est régulièrement mise à mal, mais elle évite un nombre conséquent de passages aux urgences", estime Sébastien Guérard. Pour Pascale Mathieu, "si on arrêtait cette prise en charge, il y aurait un recours massif aux urgences de parents très inquiets".
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