Chloroquine proposée aux malades du coronavirus à l'IHU de Marseille : "On n'est pas des sorciers", assure le Pr Philippe Parola
Alors qu'une étude de grande ampleur est lancée sur l'efficacité de la chloroquine dans le traitement du Covid-19, l'équipe du Pr Raoult, s'appuyant sur ses propres essais, l'utilise déjà associée "à un antibiotique que l'on appelle l'azithromycine".
Une étude clinique de grande ampleur vient d'être lancée pour tester l'efficacité de la chloroquine, utilisée pour traiter le paludisme, contre le coronavirus. Il y a un mois le professeur Didier Raoult, qui dirige l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille, faisait état de résultats exceptionnels. Son équipe a donc décidé de l'administrer à des malades sans attendre les résultats de l'étude. "On n'est pas des sorciers. Les autorités chinoises l'utilisent depuis très longtemps", s'est défendu lundi 23 mars sur franceinfo le professeur Philippe Parola, chef du service des maladies infectieuses de l'IHU à Marseille.
>> Posez vos questions sur le coronavirus : #OnVousRépond en direct.
franceinfo : Pourquoi cette décision ?
Philippe Parola : Les décisions que je dois prendre sont des décisions d’un soignant qui prend en charge des patients. Dans le cadre de la relation médecin-patient, je dois faire le mieux en l'état des connaissances. La stratégie que nous avons toujours prônée dans les maladies infectieuses en général et dans le coronavirus en particulier, c'est de tester les patients fébriles, donc de faire le diagnostic au plus tôt, et dès qu'un traitement est disponible de l'administrer au plus tôt. Il ne faut pas attendre que les patients s'aggravent et arrivent en réanimation pour voir ce que vivent mes collègues réanimateurs, c'est-à-dire un afflux massif de patients souvent âgés et à un stade très évolué de la maladie.
Mais pourquoi ne pas attendre les résultats de l'étude ?
Les essais cliniques seront utiles mais je ne sais pas quand est-ce qu'ils seront disponibles. Je pense d'ailleurs qu'il faudrait qu'ils incluent tous l'association chloroquine à un antibiotique que l'on appelle l'azithromycine. Cela marche encore mieux.
Sur le premier essai autorisé que nous avions fait, cette association chloroquine et azithromycine faisait qu'à six jours le petit nombre de patients qui avaient reçu ce traitement n'avaient plus de virus détectable, c'est-à-dire qu'ils n'étaient plus contagieux.
Pr Philippe Parola, chef du service des maladies infectieuses de l'IHU à Marseilleà franceinfo
Nous avons toute notre cohorte de patients qui est actuellement traitée par cette association quand c'est possible puisqu'il y a des précautions d'emploi comme pour tout médicament. Il faut savoir que ces molécules, la chloroquine comme l'azithromycine, sont utilisées depuis des années et qu'on en connaît les effets secondaires, y compris de cette association.
Votre essai est critiqué pour son manque de rigueur et le peu de patients sur lesquels il a été réalisé. Est-ce assez ?
C'est assez pour que moi et mes collègues prenions nos responsabilités face à des patients. Les résultats en cours sont remontés en temps réel aux autorités du pays qui pourront émettre ou pas des recommandations, mais moi je dois prendre mes responsabilités, notamment vis-à-vis de personnes âgées, c'est-à-dire les traiter au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic, avant que cela ne s'aggrave. L'association chloroquine et azithromycine marche en laboratoire. On n'est pas des sorciers. Les autorités chinoises l'utilisent depuis très longtemps.
Assumez-vous la part de risque ?
En pratique, tout médecin a le droit de prescrire un médicament en dehors de l'autorisation de mise sur le marché de ce médicament s'il estime qu'il est dans l'intérêt de ses patients et que nous sommes dans une prescription dans l'état actuel de la connaissance. La connaissance n'est pas synonyme de l'autorisation de mise sur le marché. Un médicament est mis sur le marché lorsque des études ont été faites et 10, 20 ans après, on peut avoir un repositionnement, c'est-à-dire qu'un médicament devient utile pour une maladie pour laquelle les études n'avaient pas été faites. C'est ça être un soignant, être au courant de ce qui est le mieux.
À regarder
-
Nicolas Sarkozy : premier jour en prison
-
L'OMS alerte sur la résistances aux antibiotiques
-
Les frères Lebrun, du rêve à la réalité
-
Que disent les images de l'incarcération de Nicolas Sarkozy ?
-
Algospeak, le langage secret de TikTok
-
Une Russe de 18 ans en prison après avoir chanté des chants interdits dans la rue
-
"Avec Arco, on rit, on pleure..."
-
Wemby est de retour (et il a grandi)
-
Arnaque aux placements : la bonne affaire était trop belle
-
Une tornade près de Paris, comment c'est possible ?
-
La taxe Zucman exclue du prochain budget
-
Un ancien président en prison, une première
-
Normes : à quand la simplification ?
-
La Terre devient de plus en plus sombre
-
Cambriolage au Louvre : d'importantes failles de sécurité
-
Louis Aliot, vice-président du RN, et les "deux sortes de LR"
-
Nicolas Sarkozy incarcéré à la prison de la Santé
-
Décès d'une femme : les ratés du Samu ?
-
Louvre : cambriolages en série
-
Grues effondrées : tornade meurtrière dans le Val d'Oise
-
De nombreux sites paralysés à cause d'une panne d'Amazon
-
Hong Kong : un avion cargo quitte la piste
-
Quand Red Bull fait sa pub dans les amphis
-
Ces agriculteurs américains qui paient au prix fort la politique de Trump
-
ChatGPT, nouveau supermarché ?
-
Eléphants : des safaris de plus en plus risqués
-
Concours de vitesse : à 293 km/h sur le périphérique
-
Églises cambriolées : que deviennent les objets volés ?
-
Quel était le système de sécurité au Louvre ?
-
La Cour des comptes révèle les failles de sécurité du musée du Louvre
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter