Crise de l'hôpital : "Le Covid a montré qu'on pouvait retravailler autrement avec un seul but : le soin, le malade", espère le fondateur du collectif Inter-hôpitaux
"Et retrouver du sens au métier", ajoute le professeur André Grimaldi. Il faut "un plan d'urgence" avec "du fond".
"Le Covid a montré tout d'un coup qu'on pouvait retravailler autrement avec un seul but : le soin, le malade. Et retrouver du sens au métier", espère André Grimaldi, professeur émérite de diabétologie au CHU Pitié-Salpêtrière, co-fondateur du Collectif Inter-Hôpitaux samedi 16 mai sur franceinfo. En visite vendredi à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Emmanuel Macron a dit vouloir "mettre fin" à la "paupérisation" des personnels soignants. Il a promis que l'État "sera[it] au rendez-vous", répondant aux interpellations des infirmières des urgences de l'hôpital.
franceinfo : Emmanuel Macron a demandé un travail "express" sur le sujet des hôpitaux. Il annonce une concertation la semaine prochaine. Ce sont des signaux encourageants ?
André Grimaldi : Ils arrivent après d'autres signaux, qui étaient déjà encourageants, et qui ont été suivis de déception. Il y a eu le "grand débat", d'où était sorti l'hôpital public comme une des revendications principales. Ensuite, il y a eu le plan massif annoncé par le Premier ministre le 20 novembre, qui s'est soldé par des mesures totalement insuffisantes sur les salaires, il n'y a pas besoin d'une grande concertation. La France est en 28e position sur les 32 pays de l'OCDE en ce qui concerne le salaire des infirmières. Donc il faut un plan de rattrapage pour arriver au moins à la moyenne de l'OCDE. Avant la crise du Covid-19, il manquait 800 infirmières à l'Assistance publique [les hôpitaux franciliens]. Les postes étaient budgétés mais il n'y avait pas de candidats. Comment voulez-vous travailler dans ces conditions-là, à Paris, avec les transports, etc., s'il n'y a pas de revalorisation du salaire ?
Pour les ramener à la moyenne de l'OCDE, il faudrait augmenter les infirmières françaises de 450 euros par mois. Aujourd'hui, les infirmières transfrontalières vont travailler à l'étranger pour être mieux payées.
André Grimaldi, professeur émérite au CHU Pitié-Salpêtrière, co-fondateur du Collectif Inter-Hôpitauxà franceinfo
Mais peut-on faire une réforme de fond en urgence ?
Il faut un plan d'urgence, et puis il faut du fond. Le fond implique de revoir complétement ce qui a été la politique de santé depuis des années. On a traité la santé comme une prestation qui doit être rentable. Ce qui explique le manque de lits et les gens sur les brancards aux urgences, ce qui explique la carence de masques et des médicaments. Le grand mot d'ordre était : "Il faut transformer l'hôpital en hôpital de flux, en hôpital de stock", en mettant le soin au service du gain et de la production. Il faut arrêter avec cela. Cela suppose que la tarification de l'activité est limitée à certaines activités et pas généralisée comme elle l'est.
Ce manque de moyens s'est-il aggravé depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron ?
[Cette dégradation] se fait depuis 2008 quand on dit qu'on va généraliser la tarification d'activité, que l'hôpital est une entreprise. C'est le mot qui est employé. Tout le vocabulaire change. Et c'est mis en pratique systématiquement, avec des conditions de travail qui se dégradent. Vous voulez faire fonctionner l'hôpital public comme une chaîne de production ? Remplacer les personnels d'un service à l'autre ? Le Covid a montré tout d'un coup qu'on pouvait retravailler autrement, en équipes. Avec un seul but : le soin, le malade. Et retrouver du sens au métier.
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