Crise du Covid-19 : "Clairement il y a eu une volonté de dissimuler la pénurie de masques", dénoncent Gérard Davet et Fabrice Lhomme

Dans leur livre "Les Juges et l'assassin", les journalistes reviennent sur les six premiers mois de l'épidémie et révèlent notamment que des rapports destinés à prévenir une pandémie ont été ignorés.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, le 22 janvier 2025 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)
Les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, le 22 janvier 2025 sur France Inter. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

Alors que Gérard Davet et Fabrice Lhomme publient leur livre Les juges et l'assassin dans lequel ils dévoilent les coulisses de l'instruction judiciaire de la Cour de justice de la République qui visait l'ancien Premier ministre Édouard Philippe et ses ministres Agnès Buzyn et Olivier Véran concernant leur gestion de la crise du Covid-19. Les deux journalistes du journal Le Monde estiment sur France Inter mercredi 22 janvier que "clairement il y a eu une volonté de dissimuler la pénurie de masques" de la part du gouvernement.

La question du port de masques a été, dès le début de l'épidémie, un sujet de débats concernant les stocks à disposition, avec des changements de position de la part du gouvernement sur la nécessité de généraliser ou non son port à l'ensemble de la population. L'enquête de Gérard Davet et Fabrice Lhomme montre qu'entre 2000 et 2020, 51 rapports, plans d'action, circulaires, pour se préparer à une pandémie, ont été produits par les plus hautes autorités de l'administration française.

Des rapports restés "lettre morte"

"Il y avait des rapports qui disaient que l'imminence d'une crise sanitaire était inéluctable, et qu'il y avait un moyen d'y parer, du moins au moins dans les premières semaines : d'être équipé, d'être outillé. Et ça se jouait notamment -pas seulement- sur les masques, c'est-à-dire de se doter de stocks considérables, etc... Or, tous ces rapports, toutes ces recommandations sont restées lettre morte", expliquent les journalistes.

Comme révélé pendant la pandémie, les stocks de masques à disposition étaient insuffisants pour faire face aux besoins, et ce alors qu'en "2006, il y avait un rapport de l'OMS qui disait que la France était sans doute un des pays les mieux équipés pour faire face à une pandémie", soulignent Gérard Davet et Fabrice Lhomme. "On sait que jusqu'en 2009-2010, on avait en stock plus de 2 milliards de masques. Quand la crise survient, on est à quelques dizaines de millions, dont certains sont périmés, d'autres encore valables, et on les détruit. C'est surréaliste, c'est loufoque. Donc cela signifie que quand on entre dans la bataille, on est complètement désarmés."

Les deux journalistes révèlent dans leur livre le contenu de notes écrites par des ministres durant les Conseils de défense et Conseils des ministres au début de l'épidémie, montrant qu'ils ont caché l'état des stocks de masques : "On se retrouve, par exemple, avec Édouard Philippe qui était Premier ministre et qui se demande 'que s'est-il passé sur les masques ?'. Et ensuite on va se retrouver avec ce même Premier ministre et ses ministres qui, devant les médias, vont dire : 'Oh, ce n'est pas vraiment un souci, il n'y a pas d'obligation de mettre des masques, etc'. Et c'est là qu'on peut dire que clairement, il y a eu une volonté de dissimuler la pénurie de masques."

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