On s'y emploie. À quoi va ressembler l'open space d'après la crise
La crise va-t-elle faire exploser nos espaces de bureau ? L'open space tel qu'on le connaît aujourd'hui est-il mort ? Pour lui succéder, on parle de plus en plus souvent de flex office. Qu'est-ce que c'est exactement ?
Dominique Losay est un spécialiste des nouveaux modes de travail. Il a fondé un centre de réflexion, NWOW, pour new ways of working ou "le travail réinventé".
franceinfo : commençons par le début, pouvez-vous donner une définition de ce fameux flex office ?
Dominique Losay : le flex office, que l’on appelle parfois environnement dynamique, c’est la volonté de reproduire au bureau un peu ce qu’on a chez soi. On a une cuisine, un salon, une chambre, où on ne fait pas strictement la même chose, et on se dit que, au bureau, assigner les salariés à une position de travail unique, c’est quelque chose qui ne correspond pas à la réalité de leur journée de travail, où l'on passe d’une réunion à une conférence téléphonique, à une visioconférence, à un entretien individuel. Tout cela requiert des espaces et du mobilier qui sont différenciés, exactement comme on a à la maison.
Cela veut dire qu'on ne sait pas où on va s'installer le matin ?
Exactement. Ce n’est pas le point de départ mais c'est vrai. Si on se dit que l’on va mettre à disposition d’un salarié une position traditionnelle de travail, et aussi un endroit plus confiné, où il va passer ses coups de téléphone et faire ses visioconférences, et puis des espaces plus conviviaux, où il va faire de la créativité, forcément il ne sera pas en permanence au même endroit, sauf à avoir des espaces gigantesques dont l’utilisation sera très faible. Mais quand la personne n’est pas dans une position donnée, la place de travail est occupée par quelqu’un d’autre.
Les salariés ont quand même des casiers à eux ?
Oui, alors la plupart du temps, on fait en sorte que les salariés ne soient pas dans l’angoisse de ne pas avoir une position de travail quand ils arrivent au bureau, et donc on aménage suffisamment large pour que ça ne puisse pas être le cas, et ensuite, on donne des points de repères.
Un casier suffisamment spacieux pour pouvoir ranger ses affaires personnelles et puis le plus souvent des points de rencontre, des points fixes, des zones dans lesquelles une équipe peut s’installer, même si le principe c’est justement de se décoller de son équipe pour pouvoir faire du travail collaboratif avec d’autres personnes.
Comment est-ce perçu par ceux qui passent au flex-office ?
Quand c’est bien fait, ça peut répondre à des attentes, quand c’est mal fait il y a un sentiment de dépossession, un sentiment de ne plus être chez soi, et d’être dans un univers dépersonnalisé. Ce qui est perdu en personnalisation - je n’ai plus un bureau attribué, je ne peux pas mettre les photos de ma famille, donc je vais bouger dans les endroits différents - si c’est la dépersonnalisation qui l’emporte, évidemment il y aura un sentiment de rejet.
Si ce qui l’emporte c’est le confort, il y aura un sentiment d’adhésion. Il faut souligner qu’on entre en corrélation avec des tendances lourdes que sont le zapping, qui sont fortes dans les nouvelles générations, c’est-à-dire la difficulté à continuer une activité de manière stable pendant plusieurs heures d’affilée en restant au même endroit. Donc, il y a une attente de la part de certains salariés.
Vous pensez que c'est la solution d'avenir, d'après la crise ?
Je pense qu'après la crise il peut se passer quelque chose qui ressemble en apparence au flex office mais qui est le partage de bureau. Le partage de bureau ça veut dire qu’on attribue individuellement une position de travail à plusieurs personnes. Pierre, Paul et Jacques partagent la même position de travail, toujours la même, donc ils savent où ils sont.
On n'est pas du tout dans une situation de flex office, mais comme ils sont partiellement en travail à distance, en télétravail chez eux, on sait que le lundi et le mardi c’est Paul, que le mercredi et le jeudi c’est Pierre, et que le vendredi c’est Jacques. Ça, ça va se développer sans aucun doute à cause de la généralisation du travail à distance. C’est quelque chose qui va exister. On a aujourd’hui des entreprises qui depuis des mois n'utilisent plus leur surface de bureau.
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