: Témoignages Covid-19 : à l'hôpital, le personnel de l'ombre n'est "pas épargné" par la pandémie
Ils ne sont pas soignants, mais standardistes, agents administratifs, de service ou de sécurité. Toutes les fonctions de l'hôpital sont affectées à divers degrés par la crise sanitaire. Ces hommes et femmes de l'ombre témoignent pour franceinfo.
Christophe est un paratonnerre à sa façon. Standardiste à l'hôpital Cochin, l'un des plus grands hôpitaux parisiens, il reçoit des appels toute la journée, et "pas souvent les plus rigolos". Les coups de fil des familles de patients hospitalisés pour le Covid-19, les questions sur la vaccination ou les tests PCR, s'ajoutent à toute la cuisine habituelle d'un hôpital.
En une journée au standard, l'ancien infirmier reçoit en moyenne "250 appels, dont la moitié pour le Covid". Ses interlocuteurs sont "plus angoissés avec le virus, et parfois, ils nous insultent, raconte-t-il. Psychiquement, c'est une charge lourde, encore plus avec la crise sanitaire."
"Le Covid est partout à l'hôpital"
Depuis un an, la pandémie use l'hôpital tout entier. A l'ombre des salles de réanimation et des unités Covid-19, où les soignants bataillent pour sauver des vies, des dizaines de membres du personnel non soignant, comme Christophe, souffrent aussi. "L'ambiance est moins pesante qu'en réanimation, mais il y a un climat général compliqué à l'hôpital", souffle Aude*, agent administratif à la direction de la gestion des risques d'un établissement de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Sophie, agent de service hospitalier à Colmar, sert des repas, nettoie les chambres et apporte un peu de réconfort aux patients qu'elle côtoie. Elle n'a pas l'impression d'être "au contact du Covid", mais cela ne l'empêche pas de "subir" la crise sanitaire et de "ressentir la pression". "Le Covid est partout à l'hôpital, on n'est pas épargnés", signale-t-elle.
Mickaël est responsable technique au centre hospitalier de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), un petit établissement de proximité très touché par la première vague. C'est lui qu'on appelle quand il faut changer une ampoule, réparer une fuite ou "transformer des unités en service Covid". Mickaël, qui a peur de revivre "ce qu'on a vécu lors de la première vague", décrit un tunnel sans fin.
"On n'en voit pas le bout, c'est une fatigue plus psychologique que physique."
Mickaël, responsable technique d'un hôpital du Nordà franceinfo
Dans ce même centre de Saint-Amand-les-Eaux, "on regarde toujours la télévision en cellule de crise, comme un citoyen qui attend l'intervention d'Emmanuel Macron ou Jean Castex", sourit le directeur adjoint, Franck Bridoux, dont la charge de travail a explosé depuis mars 2020. "Les semaines défilent à toute vitesse", phagocytées par le Covid-19. Le responsable s'occupe donc des autres dossiers "le soir et le week-end".
Des "cellules de crise quasi quotidiennes"
Les semaines à rallonge, les crises à répétition, Aude, agent administratif, les connaît aussi. Elle s'active quotidiennement à la réorganisation des services, la gestion des lits et des patients, en plus des affaires courantes. Parfois, il lui arrive de s'occuper du recensement des patients Covid-19, dont les chiffres sont ensuite transmis à l'Agence régionale de santé (ARS) puis intégrés aux statistiques quotidiennes de Santé publique France.
"Recenser des décès au quotidien, recevoir des familles, ce n'est pas marrant... Quand la personne décédée a 50 ans, ça fait toujours quelque chose."
Aude, agent administratif au sein d'une direction d'hôpitalà franceinfo
Comme les autres métiers de l'hôpital, le personnel administratif accuse une charge de travail "constante". "On est tous fatigués. On parle avec les soignants, et même si notre travail est incomparable au leur, c'est compliqué de trouver le sommeil", raconte Aude. Plus encore depuis l'apparition de cette troisième vague et ses "cellules de crise quasi quotidiennes".
"Cette petite menace qui plane"
Pour la plupart de ces agents hospitaliers, comme pour les soignants, le télétravail n'est pas vraiment une option et le risque d'attraper le Covid-19 dans l'exercice de leurs fonctions pèse dans les têtes. A Colmar, Sophie, agent de service hospitalier, prend des "précautions maximales", par "peur du cluster". "On a tous des proches, et en venant au travail, on prend des risques", s'inquiète Aude, qui a surtout "peur de contaminer les autres".
"Personnellement, je n'ai pas envie de transmettre le virus à ma famille, mes neveux, mes nièces", témoigne Kader*, agent de sécurité à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Quand il "touche les sacs" ou qu'il "fait des rondes dans l'hôpital", Kader garde en tête "cette petite crainte, cette petite menace qui plane". Surtout, "quand il y a un problème aux urgences et qu'on doit évacuer un mec bourré, par exemple". "Et s'il a le Covid ?" se demande-t-il à chaque fois.
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressés.
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