En République démocratique du Congo, des ONG s'alarment du manque de moyens pour lutter contre la nouvelle épidémie d'Ebola

Une nouvelle épidémie du virus Ebola a déjà fait une trentaine de morts dans le pays. Des humanitaires préviennent que la campagne de vaccination ne suffira pas à l'endiguer et réclament des moyens supplémentaires.

Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une jeune fille se fait vacciner contre le virus Ebola à Goma (République démocratique du Congo), le 7 août 2019. Image d'illustration. (AUGUSTIN WAMENYA / AFP)
Une jeune fille se fait vacciner contre le virus Ebola à Goma (République démocratique du Congo), le 7 août 2019. Image d'illustration. (AUGUSTIN WAMENYA / AFP)

La campagne de vaccination ne suffit pas pour endiguer l'épidémie d'Ebola qui sévit en République démocratique du Congo (RDC). C'est le constat que dressent samedi 20 septembre des humanitaires, notamment de l'ONG Alima, qui participent à la campagne de vaccination qui vient de débuter dans le pays. À ce jour, on compte déjà une trentaine de décès pour une épidémie particulièrement violente. La dernière, qui avait touché le pays dans les années 2020, avait fait plus de 2 300 morts.

Les ONG présentes sur place sont déjà au travail pour vacciner autant que possible, mais il manque cruellement de moyens pour espérer maîtriser cette épidémie qui reprend. Il ne faut pas se fier au chiffre d'une trentaine de morts, car ce n'est pas encore le plus parlant. Il vaut mieux avoir en tête le taux de mortalité qui lui flirte déjà avec les 50%. Dans les épidémies précédentes, il a pu grimper jusqu'à 90%, c'est dire si ce retour d'Ebola en RDC est inquiétant.

Un défi technique et financier

Inquiétant mais pas désespéré, car le vaccin fonctionne, la souche Zaïre qui sévit étant une souche connue d'Ebola. À ce jour, les autorités ont réussi à rassembler 1 000 doses et ont déjà vacciné 500 personnes. Mais cela ne suffit pas, explique pour l'ONG Alima, le docteur Gabriel Tshiwisa, qui parle de course contre-la-montre. "On doit courir en réalité parce que l'épidémie est en train d'aller très vite, raconte-t-il. Ce qu'il manque, ce sont beaucoup de moyens financiers. En termes de matériel à déployer, il y a les équipements, les médicaments, le support... Cela demande vraiment beaucoup de moyens".

Le berceau de l'épidémie "se trouve à 360 kilomètres à l'est de Tshikapa, qui est la première ville où on a pu décharger le matériel, précise-t-il. Il faut plusieurs heures ou jours de route pour y accéder."

"Même en interne, entre les différents villages, c'est très difficile. Parfois les véhicules ne conviennent pas, il faut utiliser des motos. Vous comprenez que même pour les patients, c'est difficile d'arriver aux structures de santé, donc c'est un gros défi."

Gabriel Tshiwisa, référent médical à l'ONG Alima

à franceinfo

"Il y a aussi le défi technique, il faut un suivi strict des patients, ce qui demande beaucoup de matériel, poursuit le docteur. Tout cela mis ensemble fait que le contexte est assez difficile. Lorsqu'on met la difficulté financière derrière tout cela, vous comprenez que nous n'avons pas assez de moyens." Une course contre-la-montre pour les ONG, dont certains humanitaires ont déjà été touchés par le virus. Une course contre-la-montre aussi pour l'OMS, qui prend l'épidémie très au sérieux. L'Organisation mondiale pour la santé vient d'approuver l'envoi de 45 000 doses de vaccins supplémentaires pour la RDC.

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