Mesdames, attention aux dangers de l'épilation du maillot !
L'épilation fréquente des poils pubiens est très prisée des Françaises. Pourtant, cette pratique peut avoir de graves répercussions sur leur santé.
"Chérie, je ne m'épile pas le maillot. C'est tout. C'est une question de préférence". En répondant ainsi à une lectrice dans le magazine Glamour au printemps dernier, la mannequin américaine Ashley Graham a suscité l'engouement de milliers d'internautes, qui ont pris d'assaut les réseaux sociaux pour la remercier. Car Ashley Graham, en évoquant ses choix d'épilation de manière aussi directe, venait de rappeler une évidence fondamentale : la femme a des poils, et il ne revient qu'à elle de décider – ou non – de s'en débarrasser.
Une femme de moins de 25 ans sur deux s'épile le maillot
Selon l'Ifop, les ¾ des Françaises s'épilent le maillot avant l'été. L'institut observe par ailleurs "un boom de l'épilation intégrale chez les femmes entre le printemps (12%) et l'été (22%)". "Ce qui est intéressant, c'est que globalement, se débarrasser de sa pilosité est vue comme un impératif chez les Françaises. Il y a une lutte contre le poil", explique François Kraus, responsable de l'expertise Genre, sexualités et santé sexuelle à l'Ifop. "Une femme de moins de 25 ans sur deux s'épile le maillot, comme un tiers des femmes entre 25 et 34 ans. C'est une tendance en progression", précise-t-il.
Des données corroborées par une étude publiée dans JAMA Dermatology en août 2017. Sur un panel de près de 8.000 personnes, 85,3% des femmes interrogées affirment s'être déjà épilé le pubis. "Le poil est souvent associé à la saleté. L'épilation intégrale est omniprésente dans les films pornographiques depuis les années 1990. Cette esthétique est largement diffusée chez les jeunes, ça reste la norme", note François Kraus. Une absurdité également relevée par une autre étude américaine publiée dans JAMA Dermatology en 2016, qui montre que 59% des femmes interrogées sont convaincues que l'épilation rend leur vagin "plus propre".
Une épilation trop fréquente favorise les infections
D'après la première étude, 25,6% des femmes interrogées disent avoir eu au moins une blessure à la suite de leur épilation. Parmi les problèmes les plus fréquemment cités, les chercheurs font état de coupures (61,2%), mais aussi d'infections (9,3%). "Les poils sont une barrière. Les retirer facilite la pénétration des infections", explique le gynécologue Jean-Marc Bohbot, auteur de Microbiote vaginal, la révolution rose. "Chez les femmes épilées, le risque d'attraper une IST [infection sexuellement transmissible, ndlr] comme de l'herpès, la syphilis ou des condylomes est multiplié par 2,6. Même pour des infections qui n'ont pas de rapport avec la peau, comme les chlamydias, le risque est multiplié par 1,7", poursuit-il. Ainsi que "des infections de type viral, comme le papillomavirus, responsable du cancer du col de l'utérus".
Sans oublier les autres désagréments liés à l'arrachage du poil. "Quand on s'épile de façon récurrente, le poil repousse et s'enroule sur lui-même sous la peau, ce qui peut causer un abcès important", indique la gynécologue Marie-Laure Brival. "Ca fait mal, et il faut inciser pour évacuer. L'évolution maximale de l'abcès, c'est une infection, avec du pus", prévient-elle.
- A lire aussi : "L'épilation intégrale favorise-t-elle les infections ?"
L'épilation du maillot assèche la vulve
Mais ce qui inquiète le plus le Dr Bohbot, c’est l’épilation définitive. "L'épilation au laser détruit le follicule pileux", prévient-il. "Il n'y a plus de glande, alors que c'est cette glande qui lubrifie la vulve. Retirer les poils rend donc la vulve plus sèche", indique le gynécologue. Qui poursuit : "Cette zone est humide, elle a un microbiote particulier. Or, si l'on enlève ses poils, elle devient une zone sèche, ce qui n'a plus rien à voir ! Pour le moment, personne ne peut dire ce que ça provoque à long terme."
Certaines femmes en font déjà les frais. "Elles doivent prendre des traitements hydratants à vie, comme des savons ou des crèmes à base d'acide hyaluronique", déplore le Dr Bohbot. "Aux Etats-Unis, des cliniques proposent même de réimplanter des poils ! Mais cela ne permet pas de réimplanter la glande sébacée", prévient-il. Une tendance qui semble dépasser l'actrice américaine Cameron Diaz, qui estimait en 2014 dans son libre The Body Brook que "l'idée que les vagins sont mieux sans poils est un phénomène récent, mais que les modes changent". Et qui en profitait pour prévenir ses lectrices : "Vous pensez certainement que vous porterez le même style de chaussures ou de jean toute votre vie, mais c'est faux."

"Santé à l'étranger : les dangers de l'épilation intime", chronique de Géraldine Zamansky du 13 septembre 2016
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