Elargissement de la prescription de médicaments anti-obésité aux médecins généralistes : "C'est logique mais il y a un risque majeur de mésusage", alerte un nutritionniste et endocrinologue

Boris Hansel explique qu'il y a déjà des mésusages de ces médicaments anti-obésité "un peu en France et ailleurs dans le monde". Il rappelle que l'obésité est une maladie chronique.

Article rédigé par franceinfo
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Un KwikPen qui permet de s'injecter du Mounjaro. (CHRISTOPH REICHWEIN / DPA)
Un KwikPen qui permet de s'injecter du Mounjaro. (CHRISTOPH REICHWEIN / DPA)

Alors que le gouvernement souhaite autoriser les médecins généralistes à prescrire deux médicaments anti-obésité vendus en France, comme l'a révélé ce lundi matin franceinfo et que le ministre de la Santé présentait justement, lundi 26 mai, un "plan obésité" dans l'une des usines de fabrication des médicaments anti-obésité, Boris Hansel, nutritionniste et endocrinologue à l’hôpital Bichat à Paris, coordinateur de la chaîne Youtube PUMS, a reconnu que c'était "logique" d'étendre la prescription mais a émis cependant quelques réserves : "Il y a un risque de mésusage."

D'après le médecin, on voit déjà des mésusages "un peu en France et ailleurs dans le monde". La crainte principale de Boris Hansel, c'est que les gens oublient que "l'obésité est une maladie chronique et que ces médicaments ne guérissent pas cette maladie".

"Ces médicaments ont une place [dans le parcours de soins]. Il faut les prendre ni trop tôt, ni trop tard dans la démarche, et ils ne doivent pas faire oublier la prise en charge globale de cette maladie chronique, qu'est l'obésité", martèle Boris Hansel.

Des effets secondaires plus ou moins graves

Il peut y avoir des effets secondaires en prenant ces médicaments, plus ou moins graves comme la diarrhée, les vomissements ou même dans certains cas "la paralysie définitive de l'estomac" qui est sous surveillance, a ensuite détaillé le nutritionniste.

Et comme pour tous les médicaments qui ne sont pas encore commercialisés à grande échelle, il peut y avoir des effets secondaires encore inconnus, rappelle Boris Hansel : "Les effets rares on ne les découvre que lorsque des millions de personnes prennent les médicaments pendant des années."

Pour le spécialiste ces médicaments sont "globalement bien tolérés et marchent" mais "pour être sûr qu'il y est un bon rapport bénéfice-risque, ils doivent être prescrits à la bonne personne, au bon moment (...). Le médicament c'est un élément pour des malades et en même temps il faut agir, c'est la prévention (...) pour réduire ce fléau de l'obésité."

Et de conclure en rappelant que cette maladie chronique trouve avant tout son origine dans la génétique : "On sait qu'il y a une susceptibilité génétique qui fait que certains sont plus à même de développer une forme d'obésité (...) Certains dans un environnement qui est le nôtre vont plus facilement développer un excès de poids (...) C'est une susceptibilité génétique dans un environnement donné."

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