Santé : 42% des Français affirment souffrir de douleurs chroniques, selon un baromètre inédit

À l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la douleur, franceinfo dévoile lundi les résultats du premier baromètre de la fondation Analgesia de recherche sur la douleur.

Article rédigé par franceinfo
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Les douleurs musculosquelettiques sont es plus fréquentes, selon ce baromètre. Photo d'illustration (BAZIZ CHIBANE / MAXPPP)
Les douleurs musculosquelettiques sont es plus fréquentes, selon ce baromètre. Photo d'illustration (BAZIZ CHIBANE / MAXPPP)

La fondation Analgesia alerte lundi 20 octobre sur "une crise silencieuse de la douleur en France". 42% des Français adultes affirment souffrir de douleurs chroniques, soit 23,1 millions de personnes. Les douleurs musculosquelettiques sont les plus fréquentes (36%), suivies par les douleurs orofaciales (33%), abdominales (15%) et les douleurs neuropathiques (12%), révèle ce baromètre. "Près d’une personne concernée sur deux présente des douleurs intenses (douleur supérieure à 6 sur 10)", peut-on lire.

La dernière mesure des douleurs chroniques en France datait de 2008. À l'époque, un tiers des adultes déclarait souffrir de douleurs chroniques. "La douleur chronique, c'est vivre avec une douleur quasi-constante depuis au moins trois mois", explique à franceinfo Nicolas Authier, médecin psychiatre spécialisé en pharmacologie et addictologie au CHU de Clermont-Ferrand et président de la fondation Analgesia. "C'est inquiétant parce que vous n'avez pas de perspectives de guérison et c'est inquiétant au point que certains de ces patients envisagent même de mettre fin à leurs jours". De nombreux Français interrogés déclarent aussi avoir notamment des problèmes de sommeil, de dépression, d'isolement social.

Prise en charge insuffisante

L'enquête souligne que 36% des Français vivant avec une douleur chronique présentent un handicap fonctionnel modéré à sévère. Deux tiers des sondés témoignent aussi de l’absence d'amélioration, voire d’une aggravation de leurs symptômes sur les six derniers mois. L'efficacité de la prise en charge est questionnée, note ainsi la fondation Analgesia. 

 

"Il n y a qu'un tiers des patients souffrant de douleur chronique qui sont satisfaits de leur prise en charge, ça nous laisse quand même des millions de Français qui sont dans un grand désarroi."

le professeur Nicolas Authier

à franceinfo

"Alors que les recommandations françaises (HAS) insistent sur la prise en charge pluriprofessionnelle de la douleur, le baromètre fait le constat que la prise en charge est souvent assurée exclusivement par le médecin traitant et que l'accès aux structures spécialisées reste limité", notent les auteurs du rapport. Invité sur franceinfo ce lundi matin, le neurochirurgien et spécialiste de la douleur Dr Marc Lévêque ajoute que "très peu de médecins sont bien formés à la douleur chronique". "L'algologie -la médecine spécialisée dans la prise en charge de la douleur chronique- n'est pas une spécialité à part entière, donc elle peine à exister et a très peu de moyens", regrette le médecin à l’hôpital Clairval de Marseille.

Des centres contre la douleur débordés

Les auteurs du rapport d'Analgesia ajoutent que "face à ces difficultés, on observe un recours massif (87%) à l'automédication", avec du paracétamol ou des médicaments antidouleur. "16% des patients ayant même recours à un opioïde en dehors de toute ordonnance", alerte l'étude.

Les 270 centres contre la douleur en France sont débordés. Moins d’un tiers des personnes interrogées en a bénéficié ou en bénéficie, confirme le baromètre de la fondation Analgesia. Cette dernière réclame davantage d'argent pour la recherche, puisque "ça fait des dizaines d'années que l'innovation est en berne et qu'on n'a pas découvert de nouvelles molécules", rappelle le Pr Nicolas Authier. La fondation qu'il préside réclame également une meilleure formation des médecins généralistes, et que la lutte contre la douleur devienne une grande cause nationale des prochaines années.


Méthodologie :  

Le baromètre de la douleur 2025 agrège ainsi les principaux résultats de l’enquête PREVADOL, menée au 1 trimestre de l’année (janvier-février 2025) auprès de 11 940 Français représentatifs de la population française adulte, avec l’OFDA (Observatoire français de la Douleur et des Antalgiques) et OpinionWay.

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