Médicaments en ligne : entre bonnes affaires et et contrefaçon

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Se procurer des médicaments sans ordonnance sur Internet ou des produits de parapharmacie à des prix très alléchants, c'est la promesse des pharmacies en ligne. Comment fonctionnent-elles ? Sont-elles légales ? Sont-elles toutes fiables ?

À 30 km d'Orléans (Loiret), un entrepôt renferme 15 000 produits vendus sur Internet. Pauline Vouillac, salariée du site, détaille : "On vend un peu tout ce qui est parapharmacie, donc gel douche, huile essentielle, un peu de tout. Par exemple du bain de bouche." Ici, tout est légal. La plateforme internet s'occupe d'acheter, de stocker et d'expédier dans toute la France des produits qui ne nécessitent pas d'ordonnance. "Donc, vous choisissez votre pharmacie, la pharmacie va encaisser sur la transaction et va nous renvoyer la commande pour que nous préparions pour le compte de la pharmacie", explique Audrey Lecoq, gérante de Pharmazon.

Les officines partenaires paient un abonnement entre 49 et 99 euros par mois. À Salbris (Loir-et-Cher), commune de 5 000 habitants, Jacques Augusseau un pharmacien juge l'opération rentable. Il gagne de nouveaux clients et profite des prix négociés par la plateforme. "Ce genre de système-là est comme une centrale d'achat, c'est-à-dire qu’eux-mêmes, ils négocient en amont. À l'échelle d'une pharmacie, nous sommes beaucoup plus restreints parce que nous avons des coûts de stockage, nous ne pouvons pas négocier avec tous les fournisseurs parce qu'il y a des engagements et nous ne captons pas la même clientèle", souligne Jacques Augusseau.

Des risques de fraude sur Internet

De plus en plus de Français achètent désormais leurs médicaments sur Internet. Mais les autorités alertent : certains sites sont frauduleux. Neuf sur dix proposeraient même illégalement des médicaments normalement soumis à ordonnance.

Dans un centre de tri postal en région parisienne, les douanes multiplient les contrôles. Les colis de médicaments sont interceptés dès leur arrivée sur le territoire. Ce jour-là, Mouloud Zaïd, chef du bureau de dédouanement postal, intercepte un colis. Sur le paquet est inscrit "parti pour bicyclette". Une fois ouvert, plusieurs sirops à base de codéine, souvent détournée comme produit stupéfiant, s’y trouvent.

Un trafic international bien organisé

L’an dernier, rien qu’en France, 5 millions de produits de santé illicites ont été saisis. Les enquêteurs les repèrent d’abord à leur provenance, souvent d’Asie ou d’Europe de l’Est. Plusieurs médicaments font régulièrement l’objet de trafics : certains sont de vrais produits, mais d’autres sont de simples contrefaçons, parfois dangereuses pour la santé.

À Tours (Indre-et-Loire), dans un laboratoire, l’un des géants pharmaceutiques traque ces produits falsifiés. Le premier contrôle est visuel. Lorsqu’il y a suspicion, le médicament est comparé au produit original grâce à une loupe géante. Yannick Legay, technicien de laboratoire, précise : "On trouve un certain nombre de défauts qui nous permettent ensuite de définir effectivement si la boîte est contrefaite, si l’échantillon est contrefait ou pas." Pour un antiépileptique analysé récemment, les tests chimiques ont révélé qu’il s’agissait d’un simple placebo. Pas dangereux en soi, mais inefficace : le patient n’est donc pas soigné.

Des dangers pour la santé des patients

Dans d’autres cas, les molécules contenues dans les faux médicaments peuvent avoir de graves conséquences. Nathalie Tallet, responsable du laboratoire central d’analyse des contrefaçons chez Sanofi, alerte : "Le faux médicament peut également dégrader l’état de santé du patient et provoquer des effets secondaires inattendus."

Le conseil de cette spécialiste est clair : privilégier l’achat de médicaments via les circuits officiels. Une liste de pharmacies en ligne autorisées est disponible sur le site internet du ministère de la Santé.