"Savoir nous aurait permis de mieux le préparer", témoigne la famille de Yanis, un adolescent qui s'est suicidé après la libération de son agresseur sexuel

Le 30 mars, à seulement trois jours de son 18e anniversaire, le jeune homme a mis fin à ses jours. Dans une lettre enregistrée sur son téléphone, il confiait avoir "peur de croiser" l'homme qui l'avait agressé sexuellement.

Article rédigé par franceinfo
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La famille de Yanis à Thyez (Haute-Savoie), en avril 2025. (MARIE GRECO / FRANCE TELEVISIONS)
La famille de Yanis à Thyez (Haute-Savoie), en avril 2025. (MARIE GRECO / FRANCE TELEVISIONS)

"Je suis dévasté et profondément blessé." Dans une lettre enregistrée dans son téléphone, Yanis, 17 ans, a expliqué pourquoi il mettait fin à ses jours, dimanche 30 mars. A seulement trois jours de son anniversaire, le jeune homme a écrit avoir "peur" de "croiser" son ancien voisin, condamné en octobre 2023 pour l'avoir agressé sexuellement. Placé en détention depuis deux ans, il a bénéficié, début février, d'un aménagement de peine en raison de son "bon comportement" en détention, rapporte France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

"Le jour où mon fils aurait dû fêter ses 18 ans, je suis allé choisir son cercueil. C'est inhumain pour des parents", confie son père, Farid, auprès du Parisien. Outre le deuil, la famille de Yanis est dans l'incompréhension. "Pourquoi, quand nous avons emménagé, personne ne nous a informés que nous nous installions en face d'un pédocriminel ?", se demande Farid. Car avant l'agression sexuelle de Yanis, cet homme avait déjà été condamné pour des faits similaires en 2007 et en 2014, précise France 3. Yanis aurait pu croiser cet homme "n'importe où", s'emporte Delphine, sa mère, sur RTL, estimant que l'agresseur de son fils aurait dû être envoyé "dans un autre département" pour "qu'il refasse sa vie ailleurs". 

La famille dit avoir appris la libération "par inadvertance"

La famille de Yanis assure aussi ne pas avoir été informée de la libération de cet homme et, par conséquent, du retour à son domicile, à seulement trois kilomètres du leur, dans la ville où l'adolescent prenait son train pour se rendre au lycée. "Je l'ai appris par inadvertance, en discutant avec une connaissance qui l'a croisé. Ça a été un choc", affirme Farid auprès de France 3.

La justice n'est pas tenue d'avertir les victimes de la libération de leur agresseur, rappelle le procureur de la République de Bonneville (Haute-Savoie) chargé de l'affaire, précisant que sa juridiction prenait toutefois la peine de notifier ces informations aux familles. Celle de Yanis dit ne pas avoir été tenue au courant. "Le fait de le savoir nous aurait permis de plus en parler avec lui et de le préparer", soutient Farid sur BFMTV.

Les parents de Yanis ont interpellé le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, afin qu'une loi soit votée pour que les victimes soient systématiquement informées en cas de libération d'une personne condamnée pour agression ou viol. "Comme toutes les victimes et comme tous les parents de victimes, je reçois au ministère de la Justice ceux qui me demandent rendez-vous, donc je les recevrai", a répondu lundi Gérald Darmanin à des journalistes qui l'interrogeaient sur le sujet en marge d'un déplacement, rapporte Libération .

Une mesure également portée par Steffy Alexandrian, la présidente de l'association Carl, qui a accompagné Yanis dans son combat judiciaire. Cette juriste en droit de la protection de l'enfance assure qu'une fois le temps du deuil passé, elle se rapprochera de parlementaires avec l'objectif de faire passer "une loi Yaya", en hommage au surnom donné à l'adolescent. 


Si vous avez des pensées suicidaires, si vous êtes en détresse ou si vous voulez aider une personne en souffrance, il existe des services d'écoute anonymes et gratuits. Le numéro national 31 14 est joignable 24h/24 et 7j/7 et met à disposition des ressources sur son site. L'association Suicide écoute propose un service similaire au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont disponibles sur le site du ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités.

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