Reportage "Une croyance particulièrement raciste" : à Saint-Denis, le centre de santé de Médecins du monde accueille des malades victimes de discriminations dans l'accès aux soins

Le centre de soins de l'ONG reçoit majoritairement des étrangers sans papiers. Certains bénévoles témoignent des discriminations subies ailleurs par des patients.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le centre d'accès aux soins et d'orientation (Caso) de Médecins du Monde, accueille 4000 patients par an, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (ANNE-LAURE DAGNET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Le centre d'accès aux soins et d'orientation (Caso) de Médecins du Monde, accueille 4000 patients par an, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). (ANNE-LAURE DAGNET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Il vaut mieux être un homme blanc qu’une femme noire pour être rapidement pris en charge aux urgences pour une douleur thoracique. Le sexe et l’origine font partie des facteurs de discrimination dans l’accès aux soins, d’après le rapport 2025 du Défenseur des droits. Rapport qui pointe aussi la précarité, le handicap ou l’âge comme facteurs de discrimination.

Certaines personnes ont par exemple des difficultés à décrocher un rendez-vous médical et à être bien soignées à Saint-Denis, dans un centre d'accueil, de soins et d'orientation de Médecins du monde (MDM).

"Le médecin ne lui a jamais proposé"

Ils sont une trentaine à patienter devant ce centre, qui reçoit essentiellement des étrangers sans papiers, comme Patricia, qui vient d'Haïti. Elle a 57 ans, et vient ici parce qu’elle n’a plus l’aide médicale d’état (AME). "Depuis combien de temps vous êtes diabétique ?", lui demande le docteur Catherine Mericam, qui travaille bénévolement pour MDM.

Dans ce centre de Médecins du monde, des étrangers sans papiers sont reçus, faute de bénéficier de l’aide médicale d’état (AME). (ANNE-LAURE DAGNET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Dans ce centre de Médecins du monde, des étrangers sans papiers sont reçus, faute de bénéficier de l’aide médicale d’état (AME). (ANNE-LAURE DAGNET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"La dame que je viens de voir subit très nettement une discrimination, poursuit-elle. Elle est diabétique, elle a de l'hypertension... Normalement, il faut, chez ces personnes-là, qu'il y ait un rendez-vous chez le cardiologue une fois par an pour être sûr qu'il n'y a pas de complications cardiovasculaires. Elle est suivie par un médecin en ville, puisqu'elle avait l'AME, mais le médecin ne lui a jamais proposé."

Les femmes de type méditerranéen moins bien prises en charge

La première difficulté pour ces étrangers sans papiers, c’est de s’inscrire à l’aide médicale d'Etat, et ensuite de décrocher un rendez-vous médical. "Souvent, cela prend la forme d'un refus de la carte d'aide médicale de l'Etat. Auprès d'un certain nombre de médecins et de centres de soins, on dit qu'on ne prend pas l'AME en mettant en avant des questions de paperasserie", déplore Guillaume Bellon, qui coordonne le centre de Saint-Denis.

Il a remarqué que les femmes de type méditerranéen sont moins bien prises en charge. "Une croyance particulièrement raciste veut que les femmes méditerranéennes auraient tendance à exprimer de manière beaucoup plus grandiloquente leurs douleurs, avec moult cris, etc."

"Il y avait pendant longtemps, chez les soignants, l'idée qu'on est moins sensible à l'expression de la douleur des femmes méditerranéennes ou étrangères parce que, culturellement, elles auraient tendance à en faire plus."

Guillaume Bellon, coordinateur du centre de Médecins du Monde de Saint-Denis

à franceinfo

Dans la salle d’attente de ce centre d’accès aux soins à Saint-Denis, il y a aussi des travailleurs pakistanais qui ne pourraient pas communiquer avec un médecin sans la traductrice payée par l’ONG Médecins du monde. 

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