Maltraitance dans les Ehpad : l'ex PDG d'Orpea soupçonné d'avoir vendu des milliers d'actions juste avant le scandale

Polémique au coeur du scandale. L’ancien PDG d’Orpea, Yves Le Masne, a vendu ses actions du groupe avant la parution du livre-enquête Les Fossoyeurs, qui pointe de graves dysfonctionnements dans la gestion de plusieurs Ehpad en France selon des révélations du Canard enchaîné, daté du 2 février 2022. 

D'après le journal, Yves Le Masne savait : l’ex-PDG d’Orpea était au courant bien avant tout le monde de la rédaction en cours du livre choc de Victor Castanet. Dès la fin juin 2021, le journaliste avait adressé par email une longue liste de questions, restées sans réponse, à la direction du groupe spécialisé dans l'acceuil des seniors. 

>> Soupçons de maltraitance chez Orpea : six questions sur le fonctionnement des Ehpad en France

590 000 euros

Selon le palmipède, le dirigeant, mis à pied et remplacé lundi 31 janvier, a progressivement vendu la totalité de ses 5 456 actions, lors de trois opérations distinctes commencées en juillet 2021. Yves Le Masne, jusqu’à son limogeage, dirigeait, depuis février 2011 "La Sociée" cotée en bourse, et vendait régulièrement des actions de l’entreprise. Comme le veut la procédure, il a informé l’Autorité des marchés financiers de cette action boursière : l’AMF est chargée de constater la régularité de ce type d’opérations dont les conditions sont très encadrées par la loi rappelle un spécialiste du secteur. 

C’est d’ailleurs vers l’AMF qu’a renvoyé Philippe Charrier, le nouveau PDG d’Orpéa: "Bien sûr que nous avons été informés de cela puisqu'il y a un rapport qui est remis à l'AMF pour toute transaction opérée par des dirigeants sur une action du groupe. Les autorités examineront ce cas avec l'intéressé. Il a peut-être de bonnes raisons, que je ne connais pas, mais je ne vais certainement pas le juger à la place des autorités." a-t-il indiqué sur BFMTV.

L’opération a rapporté à Yves Le Masne près de 590 000 euros : l'action, qui cotait à l'époque 107,80 euros, s'est effondrée depuis le scandale pour atteindre 40 euros mardi soir. Ces révélations pourraient s'apparenter à un "délit d'initié", souligne Le Canard enchaîné.

"Cynisme pur"

Une révélation qui choque l'executif : la ministre chargée de l'autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, a dénoncé que les dirigeants du groupe Orpea ne "se remettent pas en question" et font preuve d'un "cynisme pur". "On est là au coeur d'un système, je pense", a commenté sur LCI la ministre, interrogée sur les informations du Canard enchaîné.

Les deux principaux dirigeants du groupe, qu'elle a "convoqués" mardi dans son bureau, "ne se remettent pas en question, ont l'air de dire qu'ils ont des explications pour tout, des preuves pour tout", a par ailleurs déploré la ministre, qui annoncé l'ouverture d'une enquête administrative et d'une enquête financière.