Le groupe Emeis (ex-Orpea) jugé pour homicide involontaire après la mort d’une résidente, tombée d’un lève-malade
Le groupe comparait mercredi devant le tribunal correctionnel de Lille. La directrice de l’établissement et un aide-soignant sont également jugés. Tous accusés d’homicide involontaire après la mort d’une résidente de 96 ans en mars 2023 à Loos, dans le Nord. Franceinfo a rencontré sa fille à la veille de l’audience.
Les photos ont été prises à quelques jours d'écart. On a pourtant du mal à reconnaître celle qui y apparaît. Sur la première Yvonne Daize apparaît tout sourire le jour de son 96e anniversaire. Sur les autres on la voit défigurée sur son lit d'hôpital, un coquard sur l'œil, le front barré d'une large plaie ensanglantée.
Entre-temps, cette vieille dame de 96 ans à qui ses enfants "n'ont jamais réussi à trouver un seul défaut", a chuté d'un lève-malade dans l'Ehpad Orpea de Loos (Nord) où elle résidait depuis 2016 après un AVC. À ses filles l'établissement parle alors d'une chute de 50 cm. Les médecins évoquent eux une hauteur de deux mètres au regard des blessures que présente la vieille dame : un traumatisme crânien et une triple fracture au bras. C'est finalement une hémorragie cérébrale qui l'emporte onze jours plus tard.
"Elle avait perdu 15 kg en trois mois"
Presque deux ans après, Martine se souvient de cette larme qui coule sur la joue de sa mère, de son "impuissance" face à sa souffrance, mais aussi de l'immense colère qui la submerge. "On nous aurait appelés en nous disant ‘votre maman s'est endormie cette nuit', on aurait été tristes mais c'est la suite logique des choses. Mais ‘votre maman va mourir parce qu'on l'a laissé tomber', ce n'est pas acceptable", s'emporte cette ancienne sage-femme, qui compare la vulnérabilité des personnes âgées à celle des nourrissons car ils souffrent "sans pouvoir parler".
Une colère d'autant plus forte que la mort de sa mère est loin d'être un hasard estime Martine. Pour elle, c'est le manque de personnel qui est à l'origine de cette chute. Ce 3 mars 2020, l'aide-soignant qui s'occupe de sa mère est intérimaire, non formé au maniement du lève-malade. Ce harnais fixé à des rails au plafond qui nécessite, selon le protocole, la présence de deux personnes pour être manipulé sans risque. Lui est pourtant seul quand Yvonne chute sur la tête.
Un manque de personnel que Martine avait constaté depuis plusieurs mois, et dont sa mère avait déjà fait les frais. "Elle avait perdu 15 kg en trois mois parce qu'on ne lui donnait pas à manger. On l'a mise sous complément alimentaire. C'était plus facile que de passer du temps à lui donner à manger", constate Martine, très amère.
"On a l'impression que les leçons n'ont pas été tirées"
"Maintenant, il faut des responsables", martèle la fille d'Yvonne. Elle sera, avec sa sœur, présente à l'audience ce mercredi pour entendre les deux prévenus : l'aide-soignant et la directrice de l'Ehpad. Mais surtout pour entendre les explications de l'entreprise Orpea, jugée elle aussi en tant que personne morale pour homicide involontaire.
Pour Quentin Mycinski, avocat de la famille Daize, cette affaire est bien la faute d'un "système où l'on fait certainement des économies sur le dos du soin des gens". Une situation d'autant plus inacceptable que le décès d'Yvonne Daize intervient un an après le scandale Orpea. "On a l'impression que les leçons n'ont pas été tirées", constate l'avocat.
Martine, elle, n'attend pas d'explications, mais plutôt des excuses. Après le décès de sa mère, l'Ehpad a proposé de régler les frais d'obsèques, tout en assurant n'avoir aucune responsabilité dans la mort d'Yvonne Daize. Contacté par franceinfo, l'avocat du groupe et des deux prévenus n'a pas souhaité s'exprimer avant l'audience.
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