"Je meurs avec Carmat" : un patient de 59 ans, implanté d'un cœur artificiel par la start-up française, redoute sa liquidation judiciaire

Alors que le tribunal des affaires économiques de Versailles doit trancher mardi sur la potentielle liquidation judiciaire de Carmat, France Inter a rencontré un patient qui bénéficie d'un cœur artificiel développé par la start-up.

Article rédigé par franceinfo - avec Victor Dhollande (France Inter)
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Temps de lecture : 3min
Un coeur artificiel de l'entreprise Carmat, en 2024. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)
Un coeur artificiel de l'entreprise Carmat, en 2024. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

"Je meurs avec Carmat et ça me fait mal au cœur", déclare mardi 14 octobre auprès de France Inter Patrick Boitelet, implanté depuis un an d'un cœur artificiel développé par la start-up française Carmat qui doit connaître son sort mardi matin sur sa probable liquidation judiciaire.

La start-up Carmat, l’une des plus belles promesses de la recherche médicale française des quinze dernières années, et qui a réussi à faire battre un cœur artificiel à la place d’un organe défaillant, est au bord de la faillite. Mardi matin à 10 heures, le tribunal des affaires économiques de Versailles se prononcera sur une probable liquidation judiciaire, faute de reprise crédible. Plus de 130 salariés sont dans l’attente de cette décision, mais surtout vingt-trois patients en Europe, dont un peu plus d’une dizaine en France.

Un produit salvateur

Patrick Boitelet fait partie de ces patients. Il a 59 ans. Depuis 20 ans, il est atteint d’une insuffisance cardiaque sévère. L’année dernière, sa maladie s’est aggravée subitement et on lui a implanté un cœur artificiel en novembre 2024. Un organe qui lui a sauvé la vie. Cette implantation a nécessité une lourde opération ainsi que quatre mois de rééducation.

Depuis, Patrick Boitelet a dû apprendre à vivre avec cette prothèse dans sa poitrine reliée à une sacoche qui contient quatre batteries : "Je dois changer ces quatre batteries toutes les quatre à six heures, suivant l'activité. Cette prothèse se gère comme un cœur : si vous avez besoin d'effort, la pompe s'accélère et quand vous êtes au repos, la pompe diminue".

"Je suis en train de mourir"

Désormais, Patrick Boitelet peut presque tout faire comme avant si ce n’est voyager. Cet ancien responsable de chantiers publics est en attente d’une greffe et doit donc rester en permanence à deux heures de Paris. Avec la faillite de la société Carmat, il continuera d’être suivi mais il est forcément inquiet : "Je suis en train de mourir, je le sais, car on ne connaît pas la durée de vie de la prothèse".

"Quand on vit avec une machine, c'est différent, il y a cette épée de Damoclès qui peut tomber à chaque instant."

Patrick Boitelet, patient de Carmat

à France Inter

Il en veut surtout à l’Etat et aux investisseurs privés qui n’ont pas choisi de reprendre la société : "On distribue des millions à droite et à gauche, alors que là, on parle de 150 millions d'euros pour garder la société Carmat à flot sur cinq ans. Donc trente millions par an, j'ai du mal à comprendre. Vu que le couperet va tomber, venez me débrancher, ce sera pareil". Il pense aussi à tous ces patients avec un cœur défaillant qui n’auront jamais cette prothèse. "C’est un immense gâchis", conclut-il.

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