Le télescope James Webb nous ouvre "à des pans de notre réalité cosmique", selon le physicien Christophe Galfard
Alors que la 31e édition de la Fête de la science se déroule du 7 au 17 octobre dans l'Hexagone, Christophe Galfard, docteur en physique théorique, revient sur les prouesses du télescope James Webb, objet d'un documentaire diffusé jeudi sur France 5.
Remonter le temps et repousser les limites de la connaissance : c'est la promesse de James Webb, le télescope le plus performant jamais construit. Le physicien et écrivain français Christophe Galfard, élève et collaborateur du grand astrophysicien Stephen Hawking, témoigne dans le documentaire James Webb, voyage aux origines de l'Univers, diffusé jeudi 13 octobre, à 21 heures, sur France 5. Le scientifique nous livre ses impressions sur cet incroyable outil.
Franceinfo : Qu'est-ce qui vous éblouit le plus dans James Webb ?
Christophe Galfard : Honnêtement, quasiment tout l'imaginaire collectif que l'on a de l'espace est lié à l'imagerie qui nous a été donnée par le télescope Hubble. Cela a transformé notre vision de l'Univers. Là, avec James Webb, nous sommes sur la génération d'après. Grâce à lui, nous avons de nouvelles images qui sont d'une beauté spectaculaire, et qui nous ouvrent sur des pans de notre réalité cosmique qui étaient jusqu'ici inexplorés parce qu'invisibles et indétectables. Et c'est assez dément.
Pour vous qui êtes soucieux de populariser la science, James Webb est un outil nécessaire dans vos recherches ?
Ah oui, car les images qu'il nous permet d'avoir de l'Univers sont fabuleuses et me permettent, lors de conférences, d'expliquer beaucoup de choses. Et puis d'un point de vue personnel, c'est hyper satisfaisant de se projeter dans des endroits aussi lointains avec autant de détails. On voit même la poussière éjectée par des trous noirs dans des galaxies ultra-lointaines. C'est fou, et pas seulement pour le grand public, mais aussi pour les scientifiques. Car avant Hubble, aucun scientifique n'avait jamais vu ce genre d'images non plus. C'est vraiment un cadeau que l'humanité se fait à elle-même aujourd'hui en ayant ces images splendides.
Est-ce que les scientifiques travaillent sur ces images ?
Non, les données sur lesquelles les scientifiques travaillent ne sont pas les images elles-mêmes. Elles peuvent servir, mais les données brutes ont une forme beaucoup plus chiffrée. Ce sont de grands tableaux de données. Les clichés originaux restitués par James Webb sont illisibles, un très gros travail est nécessaire pour que les images ressemblent à ces clichés magnifiques que nous pouvons admirer aujourd'hui. De plus, à l'origine, les couleurs, que l'on appelle ondes électromagnétiques, qu'elles soient visibles ou non par nos yeux, arrivent de l'espace une par une, elles sont détectées indépendamment les unes des autres. Alors que nous, lorsque l'on regarde une photo, nous avons toutes les couleurs qui viennent se superposer d'un coup.
Les scientifiques pourront-ils concevoir un télescope encore plus puissant ?
Bien sûr. Là, nous sommes encore sur un télescope qui utilise de la lumière que nos yeux ne peuvent pas percevoir, que l'on appelle lumière infrarouge. Mais il y a des télescopes qui pourront voir au-delà de l'infrarouge et qui verront d'autres particules et signaux capables de traverser l'espace et des temps encore plus reculés. Nous n'y sommes pas encore, mais les scientifiques travaillent déjà sur le prochain, même s'ils sont encore dans l'analyse de ce que James Webb peut apporter, car nous ne sommes qu'au début de son exploitation.
Pensez-vous que James Webb sera capable de détecter une vie extraterrestre ?
James Webb a une telle sensibilité qu'il va nous permettre d'analyser, comme cela n'a jamais été fait, l'atmosphère de planètes lointaines. Ça veut dire que l'on commence à avoir des outils qui vont nous aider à détecter des signaux moléculaires de choses qui existent sur d'autres planètes. D'ailleurs, une des cinq premières images de James Webb que nous avons découvertes cet été était justement en rapport avec l'atmosphère. Cela prouve que l'on y arrive, donc, pour répondre à votre question, oui, c'est tout à fait possible.
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