"C'est la première fois qu'on voit apparaître cette ébauche de menton" : une étude redessine la carte généalogique des tout premiers humains

Cette nouvelle étude s'appuie sur des fossiles de mâchoires datant de plus de deux millions d'années et montre que des homo habilis et des homo erectus ont probablement vécu à la même époque.

Article rédigé par Olivier Emond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un homo erectus au centre européen de la Préhistoire, dans les Pyrénées-Orientales. (MANUEL COHEN / MANUEL COHEN / VIA AFP)
Un homo erectus au centre européen de la Préhistoire, dans les Pyrénées-Orientales. (MANUEL COHEN / MANUEL COHEN / VIA AFP)

C'est une étude qui redessine la carte généalogique des tout premiers humains. Publiée mardi 3 juin par des chercheurs français et italiens dans la revue Nature Communications, elle dévoile des origines de l'humanité plus complexe qu'imaginé, à partir de fragments d'ossements de nourrissons datant de plus de deux millions d'années.

Le premier fragment, une mâchoire inférieure de bébé, avait été découvert en Ethiopie dans les années 70, lors d'une mission menée par le Français Yves Coppens. Rapidement, ce fossile avait été attribué à l'un de nos ancêtres éloignés : homo habilis. Et puis, plus rien jusqu'en 2010 avec ce second fragment de mâchoire retrouvé, lui, en Afrique du Sud et datant de la même période, il y a environ deux millions et demi d'années, mais appartenant à une autre famille : homo erectus.

"Le petit homo habilis a des mâchoires beaucoup plus robustes"

José Braga est professeur des universités à Toulouse et coauteur de l'étude : "Le petit homo habilis, il a des mâchoires beaucoup plus robustes, c’est-à-dire avec des ossements plus épais et des dents beaucoup plus primitives. Alors que le petit humain sud-africain, qui est attribué à l'espèce erectus, a un os beaucoup plus gracile, des dents déjà plus modernes. Et puis l'apparition de ce qui évoque déjà une ébauche de menton, ce qui est tout à fait inédit pour quelque chose d'aussi ancien.

"C'est la première fois qu'on voit apparaître cette ébauche de menton qui est si caractéristique de l'humanité d'aujourd'hui."

José Braga, coauteur de l'étude

à franceinfo

Voilà donc deux espèces primitives à des degrés d'évolution différents vivant à la même période, de quoi remettre en question l'idée d'une progression quasi linéaire de notre arbre généalogique, passant d'une espèce à l'autre jusqu'à nous, homo sapiens.

Cela change aussi la donne, selon José Braga, sur le point de départ de toute l'histoire humaine qui fait encore débat aujourd'hui : "Si nous avons, aux alentours de deux millions d'années ou un peu avant, des humains très très différents, leur origine doit être encore beaucoup plus ancienne. Elle doit se situer quelque part autour de trois millions d'années c'est-à-dire peu après l'extinction de la célèbre Lucy, notre australopithèque préférée." L'espoir réside désormais dans la découverte un jour d'un fossile de ce chaînon manquant, ce tout premier des hommes.

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