"C'est une grande surprise" : les plus vieilles momies au monde sont des corps desséchés à la fumée, révèlent des chercheurs

Une équipe de chercheurs internationaux vient de découvrir comment ces corps avaient été conservés dans des tombes en Asie du Sud-Est, il y a plusieurs milliers d'années. Leur embaumement a consisté à faire sécher les corps avec de la fumée.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Exemples de sépultures flexibles de l'Holocène précoce et moyen du nord du Vietnam (PNAS)
Exemples de sépultures flexibles de l'Holocène précoce et moyen du nord du Vietnam (PNAS)

C'est une cinquantaine de momies retrouvées au fil des ans dans des tombes en Chine, au Laos, en Thaïlande, en Malaisie ou encore aux Philippines, pour la plupart recroquevillées. Les ossements présentaient des traces de suie et de chaleur de faible intensité, alors que leur tombe ne montrait aucun signe d'incendie. Ces momifications ont eu lieu il y a plusieurs milliers d'années après un long rituel d'exposition à la fumée, comme séchés au-dessus d'un feu, estiment des chercheurs internationaux. Leur étude a été publiée le 15 septembre dans la revue scientifique américaine PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences). 

Le but, selon les archéologues, n'était pas seulement de conserver les corps du mieux possible et d'éviter leur décomposition, il y avait certainement aussi une préoccupation spirituelle.

"Entretenir des liens"

Les chercheurs suggèrent ainsi dans leur article que "les restes fumés et préservés des défunts permettaient aux gens d'entretenir des liens physiques et spirituels avec leurs ancêtres, reliant le temps et la mémoire". Une pratique mortuaire qui remonte à plus de 10 000 ans, après analyse de certains échantillons, soit des milliers d'années avant les momifications au Chili et surtout les plus connues, celles d'Egypte. 

Ces résultats ont été "une grande surprise", indique à l'AFP la chercheuse Hsiao-chun Huang, de l'université nationale australienne basée à Canberra. "Les os sont si anciens, et il est remarquable de découvrir que cette tradition est si ancienne, reliant les pratiques des peuples anciens à celles que l'on trouve encore aujourd'hui dans certaines communautés", ajoute-t-elle. "Je crois que cela reflète quelque chose de profondément humain, le souhait intemporel que nos proches ne nous quittent jamais, mais restent à nos côtés pour toujours", a déclaré la chercheuse.

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