"A un moment, la peur viendra" : l'astronaute française Sophie Adenot se confie sur sa préparation, à quelques mois de son décollage vers l'ISS
L'ancienne pilote d'essai doit partir au printemps 2026 pour six mois en orbite. Une première dont la préparation ressemble à un parcours du combattant, mêlant apprentissage technique et entraînement aux sorties dans l'espace.
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"Neuf mois, c'est demain !" Au printemps 2026, l'astronaute française Sophie Adenot décollera en direction de la Station spatiale internationale (ISS), où elle passera six mois pour la mission Epsilon, devenant sa première pensionnaire française depuis Thomas Pesquet. Au milieu de son planning surchargé, l'ancienne pilote d'essai a réservé un créneau pour échanger avec la presse, mardi 8 juillet. L'ingénieure aéronautique s'est prêtée volontiers au jeu des questions-réponses au siège parisien de l'Agence spatiale européenne, lors d'un rendez-vous initié par l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE).
Chaque seconde est comptée. Sophie Adenot devait être présente 1h30, elle n'est pas restée une minute de plus. Celle qui poursuit depuis mai 2024 sa formation au centre spatial Lyndon B. Johnson de Houston (Texas, Etats-Unis), n'a fait qu'un passage express d'une journée à Paris. Si le départ semble encore loin, l'astronaute en parle comme si elle menait déjà une course contre la montre. "La liste de tâches avant de partir en mission, elle est très, très longue", sourit-elle. La Française a déjà reçu, au Canada, la formation pour manier le bras robotique canadien présent sur l'ISS (Canadarm pour les intimes), et celle au Japon pour devenir spécialiste du module japonais de la station, Kibo. Elle doit très prochainement entamer celle pour être spécialiste du module européen, appelé Colombus.
Formée aux sorties dans l'espace lors de plongées en piscine
A neuf mois du grand départ, "l'entraînement, il est à fond", lâche Sophie Adenot, totalement consacrée à cette préparation. Son travail "dépasse le concept de métier" pour devenir un mode vie, estime l'astronaute.
"Quand on est dans une préparation de mission spatiale, on y est à 100%. On pourrait comparer cela à des athlètes qui se préparent pour les Jeux olympiques."
Sophie Adenot, astronaute françaiselors d'une conférence de presse
Si elle dit avoir été particulièrement impressionnée par les procédures médicales passées en revue lors de sa formation, durant lesquelles elle a appris à arracher des dents, Sophie Adenot parle surtout avec passion des sorties dans l'espace : "C'est l'aventure dans l'aventure". Pour elle, il s'agit de moments où les astronautes vont "chercher les limites", qu'elles soient physiologiques (une sortie dure environ six heures), technologiques ou psychologiques.
La préparation à ces événements critiques est extrêmement exigeante. Elle se fait notamment au cours de longues plongées en piscine, où les formateurs distillent des imprévus, comme un coéquipier qui perd connaissance et doit être ramené en trente minutes au sas de sécurité, un autre dont le casque présente un problème d'étanchéité, ou encore un camarade victime d'une perte d'audition, avec qui il faut soudain communiquer par signes.
Au-delà de l'aspect lié à la sécurité et la survie des astronautes, les EVA se révèlent complexes en raison des multiples tâches à accomplir pendant un long laps de temps, en impesanteur, dans le vide à quelque 400 km de la surface terrestre, avec des outils spéciaux, des écrous spécifiques... Rien ne peut être laissé au hasard.
"Un jour, je serai en haut d'une fusée de 70 mètres"
Malgré cette immense charge de travail, Sophie Adenot assure vivre son "rêve d'enfant", comme elle le disait déjà sur le plateau du "20 heures" de France 2 peu après l'annonce de sa sélection. "Je vis chaque jour comme un cadeau", a répété l'astronaute, mardi, saluant un "entraînement magnifique" grâce auquel elle peut échanger avec des personnes passionnées, toutes à la pointe de leur domaine.
Le tsunami d'informations à incorporer écarte pour l'instant toute appréhension. "Au quotidien de l'entraînement, il n'y a pas de peur, parce que l'on est vraiment concentré sur l'apprentissage des procédures", relate Sophie Adenot. Mais "à un moment, la peur viendra, parce que je suis humaine, concède-t-elle. Parce qu'un jour, je serai en haut d'une fusée qui fait 70 mètres de haut, qui pèse 500 tonnes, qui va me propulser avec des moteurs rugissants à une vitesse de 7,6 km/s, qui va m'emmener en orbite à une station à 28 000 km/h, et qui va me faire amarrer avec le vide partout autour", énumère-t-elle.
Cette peur, la Française explique en parler avec d'anciens astronautes, pour s'y préparer et apprendre à la dompter. Surtout, elle risque d'être vite balayée par "l'excitation à l'approche du décollage". "J'imagine qu'au moment où les gens annonceront 'liftoff' ["décollage" en anglais], il y aura un tonnerre de joie qui sera partagé", se projette Sophie Adenot.
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